La Fondation de France et l’Institut Montaigne ont organisé une série de rencontres entre soignants, usagers et acteurs sociaux dans plusieurs villes de France pour faire le point sur les maladies mentales dans notre pays.

La santé mentale représente un coût de plus de 100 milliards d’euros par an et 2,8 millions de personnes prises en charges. C’est pour faire le point sur ce sujet de santé publique que la Fondation de France et l’Institut Montaigne ont organisé une série de rencontres entre soignants, usagers et acteurs sociaux dans plusieurs villes de France.

« Les malades psychiques sont tous des dangereux, des criminels, ou alors ils sont instables… » Marie-Aude Morterol connaît bien les clichés qui entourent les personnes avec des troubles psychiques, ceux qu’on appelle les « usagers » en santé mentale. Cette ancienne enseignante est sans emploi depuis dix ans, elle vient de signer un contrat à durée indéterminée. Son nouveau métier, assistante de direction dans une paroisse près de chez elle. Marie-Aude a été accompagnée par une association, Clubhouse Paris, un vrai coup de pouce selon elle : « Rien que le fait de se lever le matin, de se dire je vais passer deux, trois, quatre, cinq heures au Clubhouse, dans un lieu de vie en collectivité, déjà, cela favorise la sociabilisation » précise-t-elle. Les personnes accompagnées par Clubhouse bénéficient d’un coaching et d’un accompagnement grâce à des entreprises partenaires.

Lors de l’atelier parisien de Parlons Psy, les participants planchent sur la qualité des vie et de la prise en charge qui laisse à désirer. Une répartition peu homogène des moyens, une démographie médicale qui évolue dans un sens défavorable, la psychiatrie publique est en crise. Olivier Canceil est chef de pôle aux hôpitaux de Saint-Maurice. Ce qui frappe ce professionnel, c’est l’inégalité des moyens entre les territoires. Le constat, c’est que plus on s’éloigne de Paris, moins l’accès aux soins est garanti.

Créer des espaces de parole

Les participants demandent donc des moyens, pour la prise en charge mais aussi pour la recherche. L’Institut Montaigne a lui aussi planché sur le sujet. Ce think tank c'est-à-dire une plateforme de réflexion politique s’est penché sur ce que doivent être les bonnes pratiques en matière de santé mentale. L’institut a travaillé en partenariat avec la fondation Fondamental et publié 25 propositions pour par exemple utiliser davantage les nouvelles technologies fin d'améliorer la vie des usagers, investir plus massivement dans la recherche mais aussi créer des espaces d’échange et de parole. « On s’est appuyé sur l’exemple de l’Australie, qui a créé des head space dédiés aux jeunes où ils peuvent venir parler sans complexes de leurs troubles psychiques ou de toute autre question qui peut être liée à l’adolescence », explique Laure Millet, chargée d’étude au sein du programme santé de l’Institut Montaigne. Le fait d’inclure la santé mentale dans la santé en général rend ce dispositif moins stigmatisant.

Les rencontres Parlons Psy ont eu lieu à Marseille, Lyon, Lille, Nantes, Colmar, Nancy et Bordeaux et le 6 juin à Paris. Les participants sont des usagers, des professionnels de la psychiatrie mais aussi des travailleurs sociaux ou des élus. Les échanges vont faire l’objet d’une synthèse destinée à mettre l’ensemble des préoccupations sur la table, elle sera dévoilée le 9 décembre à Paris en présence d’Agnès Buzyn, la ministre des Solidarités et de la Santé.

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