C’était dans la nuit du 7 au 8 février 2019 à Paris, la deuxième édition de la nuit de la solidarité. Elle a commencé aux alentours de 22 heures et s’est terminée dans la matinée. L’objectif est de rassembler des bénévoles pour recenser le nombre de SDF et connaître la difficulté de leur situation. Maude Antonin. 

L’année dernière, pas moins de 3 035 étaient sans abri dont la moitié depuis plus d’un an, selon les chiffres de la première nuit solidaires, analysés par Apur. Cette première édition a permis, courant 2018, de préciser la répartition des personnes en situation de rue dans la capitale.La ville a pu mettre à disposition 1 500 nouvelles places d’hébergements d’urgence et elle a ouvert une halte en décembre pour les femmes sans abri, dans l’hôtel de ville.

Il n’existe aucun dispositif en France pour compter les personnes qui vivent dans la rue, c’est pourquoi cette nuit est organisée. Début 2019, Anne Hidalgo a lancé un appel afin de mobiliser plusieurs centaines de bénévoles. Emmaüs, la Santé Sociale, le Secours Populaire, Aurore et même l’Armée du Salut ont participé à cet événement en plus des citoyens parisiens.Ces bénévoles ont ensuite été réparti en équipe de deux à cinq personnes dont un professionnel. A 22 heures, le départ a été lancé : les équipes ont parcouru Paris dans tous ces recoins et cette année, en plus des stations de métros, rues et parkings, 9 autres secteurs d’enquêtes étaient sur la liste des lieux à explorer. Il y avait notamment les caves, les escaliers des logements sociaux…353 secteurs en tout. La RATP et la SNCF ont aussi participé à cet élan de solidarité.

1 800 places supplémentaires d'urgence

Cette année, les bénévoles ont sillonner les parcs et les jardins dans la matinée pour compter les personnes endormies. Cette nuit n’est pas seulement une chasse aux chiffres, c’est l’occasion d’établir un dialogue avec ces personnes qui nous entourent, qui sont comme nous et dont on ignore même la présence lorsqu’on prend le métro et qu’on rentre chez nous, au chaud.Pendant cette nuit de la solidarité, les équipes ont fait remplir un questionnaire anonyme aux personnes recensées, pour mieux connaître leur situation. Plusieurs questions sont posées comme : « Où pensez vous passer la nuit ? » ; « Depuis combien de temps êtes-vous sans domicile fixe ? » ; « Appelez-vous parfois le 115 ? »...

D’ici Mars, toutes ces démarches vont permettre de créer 1 800 places supplémentaires dans les logements d’urgence, en plus des 20 000 existantes. Elles vont aussi permettre de créer un espace réservé aux femmes dans le bain douche de Charenton, situé dans le douzième arrondissement de Paris. Les femmes représentaient 12% des sans abri recensé durant la première nuit de la solidarité. Sarah Frikh, chroniqueuse sur RTL et fondatrice du mouvement citoyen "réchauffons nos SDF", nous explique que ce pourcentage n’est pas significatif. D’autres villes comme Berlin réfléchissent à effectuer ce genre de démarches à l’avenir.

Femme sans abri et ses chiens, photo de Franck Folini Flickr sous licence Creative Commons BY-SA 2.0

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