ATD Quart Monde peut se targuer d’avoir à son actif de nombreuses réussites et avancées en faveur des droits des plus vulnérables. Née à Noisy-le-Grand en 1957, la structure aura notamment inspiré la création du revenu minimum d’insertion ou encore la CMU (couverture médicale universelle). C’est pour se battre contre le fléau de la pauvreté et ses conséquences fâcheuses, que le mouvement mène de nombreuses actions. Chantal Consolini, responsable de l'Université populaire Quart Monde Ile-de-France, Marion et Evelyne, militantes Quart Monde, qui ont toutes deux connu la rue témoignent dans l’émission Vivre FM c’est vous.

Des universités populaires pour redonner la parole à ceux qui ne l’ont pas : voilà l’un des volets des actions mises en place par ATD Quart Monde. Chantal Consolini, responsable de l’Université Populaire en région parisienne aime à le définir comme « le lieu des personnes qui ne sont pas entendues ailleurs ». Car loin d’être un simple problème financier, la situation de pauvreté peut pousser à l’isolement, le repli sur soi et parfois la honte de soi.

Parfois stigmatisés dans le débat public et définis comme des « assistés » ou des fainéants, les personnes exclues ont besoin de « lieux où on peut parler sans être jugé », comme l'explique Evelyne, l’une des militantes de l'association, qui insiste sur la bienveillance de ces universités populaires. Les médias parlent de la pauvreté,  mais rares sont les personnes en situation de pauvreté à pouvoir s’exprimer sur ce qu’ils vivent et ressentent. La question échappe aux principaux concernés et la société n’apporterait que peu de considérations à ceux qui vivent avec l’angoisse des fins de mois « Dans la société, les pauvres sont invisibles ! » affirme Evelyne.

Inciter les pauvres à parler sans honte

« La pauvreté c’est un combat ! » soutient Chantal Consolini : un combat contre le regard que la société porte nous et un combat intérieur pour essayer de s’en sortir par tous les moyens possibles. Une situation que vivent de millions de personnes et notamment Marion et Evelyne, toutes deux retraitées et confrontées à une extrême pauvreté. Les deux militantes rappellent le poids du regard des autres sur les exclus. Au moment où le grand débat se déroule dans toute la France, Marion et Evelyne regrettent que la société n’aille pas assez vers les personnes pauvres pour les inciter à s’exprimer, sans honte.

Car le sentiment de honte est très prégnant et incite certaines personnes à ne pas réclamer les aides sociales auxquelles ils ont droit : il y aurait près de 30% de non recours au RSA, le revenu de solidarité active. Un chiffre qui montre que le travail d’information est primordial autant qu’un changement de regard pour ne plus voir la pauvreté sous le prisme de l’assistanat.

Une synthèse est prévue après la tenue des universités populaires. Ce travail devrait permettre d’établir certaines propositions concrètes pour lutter contre la pauvreté et le regard accusateur que la société peut porter sur les pauvres.

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