L'année commence à peine et vous avez l'impression de vous traîner, d'être fatigué.e, voire déprimé.e. Pas d'inquiétude : vous n'êtes pas seul.e dans ce cas. Il fait froid, les fêtes ont mangé nos économies, nos bonnes résolutions sont déjà passées à la trappe et le printemps est encore loin. En somme, pour beaucoup d'entre nous, janvier est un peu le mois de toutes les misères. Des chercheurs ont même déterminé que le troisième lundi du mois était le jour le plus triste de l'année. Les Anglais l'ont poétiquement nommé le "Blue Monday"... Mais la déprime n'est pas une fatalité ! 

Comment chasser la déprime du Blue Monday au bureau ?

Selon une étude menée par des chercheurs anglais, l'humour est un des remèdes au blues du mois de janvier. "Après tout, le rire est une réaction naturelle et normale, même dans des situations déprimantes. Et l'humour est un moyen de faire face aux tensions, contradictions et paradoxes au travail, comme ma collègue Jane Le et moi-même l'avons constaté"  dans notre étude explique Paula Jarzabkowski de la Cass Business School (City University of London). Les grandes entreprises ont souvent des objectifs contradictoires, par exemple le contrôle mondial et l'autonomie locale, la mise en place d'un équilibre sain entre vie privée et travail. Et l'humour est un moyen essentiel d'accepter ces paradoxes.

Le meilleur remède

Généralement les cadres ne considèrent pas l'humour comme une solution de management, notamment lorsque les gens ont des avis opposés. Mais le chercheuses ont observé que l'humour était une dynamique dominante pour les cadres à tous les niveaux. Pour les employés, le rire est un moyen d'identifier les paradoxes dans leur travail de façon légitime, notamment lorsqu'il n'est pas possible d'atteindre des objectifs contradictoires. 

Tout le monde n'appréhende pas les situations de tension de la même manière et, parfois, une solution qui fonctionne pour une personne peut être un problème pour d'autres. Le rire est une façon cordiale de signaler une situation de tension et d'impliquer les autres. Il permet de trouver des moyens pour contourner le paradoxe pour les deux parties, ou, au moins, de reconnaître que la solution constitue un compromis acceptable pour accomplir une tâche spécifique, même si elle n'est pas optimale pour tout le monde. 

Prendre l'humour au sérieux

Bien que l'humour ne puisse pas être utilisé par les cadres pour servir leurs propres intérêts, c'est un indicateur utile de la situation d'une entreprise. Plutôt que ne pas y accorder d'importance et de le considérer comme du temps perdu ou un amusement, les cadres devraient prendre le rire au sérieux et réfléchir à la façon dont ils pourraient l'exploiter pour créer de la solidarité entre les membres de l'équipe et trouver des solutions aux problèmes. D'autre part, l'identification de l'humour basé sur la résistance sert d'indicateur lorsque les gens pensent que les obstacles insurmontables, ce qui nécessiterait une nouvelle approche. L'humour (qui découle souvent du caractère incongru ou de la juxtaposition d'idées opposée) est notamment une façon d'identifier les paradoxes au travail: c'est une première étape importante dans la gestion de ces derniers. 

Les données expliquant le Blue Monday ont peut-être été réfutées par Ben Goldacre dans sa chronique intitulée Bad Science (Mauvaise Science) dans le journal The Gardian. Mais surmonter un mois morose en faisant quelques blagues au bureau ne peut faire de mal à personne, cela pourrait même faire du bien à l'équipe. 

Paula Jarzabkowki est professeur de management stratégique à la Cass Business School, City, University of London. Cet article a été publié pour la première dans The Conversation. Lire l’article original.

Sur le même thème

Les discriminations au travail, souvent minimisées et cachées derrière l'humour. 

Quelle politique emploi et handicap dans un grand groupe comme AKKA ?

Epuisé de ne rien faire au travail, Frédéric a fait un bore-out.