Les personnes vulnérables, à la dérive ou marginales peuplent l'oeuvre de l'écrivain Finlandais. Arto Paasilinna s'appliquait à redonner une chance à tous les laissés-pour-compte, dans des récits bourrés d'humour. Il est décédé lundi 15 octobre 2018.

Le Lièvre de Vatanen est orphelin. L’écrivain finlandais Arto paasilinna nous a quittés le 15 octobre. L’écrivain est connu dans le monde entier pour ses romans marqués par un humour grinçant. Paasilinna est l’auteur de 35 romans traduits dans une trentaine de langue, dont le français. Sous sa plume, des hommes et des femmes tourmentés par la société moderne, mais aussi des personnages atypiques, handicapés ou jugés infréquentables.

Paasilinna affectionne le souffre-douleur attachant. Le plus réussi s’appelle Hattunen. Cet étranger est venu s’installer dans un paisible village de Finlande. L’homme a retapé un vieux moulin abandonné et s’installe comme meunier. Les villageois l’adorent, ils vont vite déchanter. La nuit, à la moindre contrariété, Hattunen hurle comme un loup et empêche tout le monde de dormir. Le meunier s’attire les foudres de toute la vallée. Et pas moyen de s’en débarrasser. Interné, Haatunen s’enfuit de l’hôpital psychiatrique. Il revient dans la forêt voisine pour hurler, mais c’est désormais un vagabond insaisissable. Le plus étonnant, c’est que l’intrus est soutenu par plusieurs villageois.

Une cour des miracles

Dans les romans de Paasilinna, on retrouve une galerie de personnages atypiques qui font de cette œuvre une cour des miracles. Dans La Cavale du géomètre, un retraité amnésique vient en aide à un agriculteur tellement remonté contre l’Union européenne qu’il souhaite détruire sa ferme. Dans La Forêt des renards pendus, un gangster en fuite, une vieille Lapone échappée d’une maison de retraite et un militaire alcoolique mènent la grande vie au fond d’une forêt. Dans Les Suicidés de l’autocar, deux candidats au suicide passent une annonce pour remplir un autocar et accomplir tous ensemble leur projet insensé. Évidemment rien ne se passe comme prévu. L’écrivain tisse des récits burlesques en mêlant étroitement le tragique, l’humour et l’inattendu.

La rupture qui rebat les cartes

La recette des romans est invariable : des citadins à la dérive qui fuient un entourage infernal et une existence qui manque de sens. Tous voient leur vie basculer,  ils partent à l’aventure et rencontrent des personnes d’autres milieux sociaux et origines. Sans être politiquement engagé, Arto Paasilinna fait l’éloge de la différence, de l’amitié et des rencontres inattendues qui « réparent » et qui rebattent les cartes. Bonne nouvelle, tous ces personnages finissent par se réconcilier avec leur environnement d’origine, comme si l’aventure avait redonné du sens à la vie.

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