La Fondation Philippe Chatrier vient de récompenser une chercheuse de la Pitié Salpêtrière pour la mise en évidence d'un outil prometteur  pour détecter les signes avant-coureurs de la maladie d’Alzheimer.

La maladie d’Alzheimer touche près d’un million de personnes en France. Elle évolue sur des dizaines d’années. Les premières lésions cérébrales de la maladie apparaissent 15 à 20 ans avant la survenue des premiers symptômes, au cours de la phase dite silencieuse de la maladie. « Il est essentiel de diagnostiquer la maladie d’Alzheimer le plus tôt possible pour pouvoir proposer aux patients une prise en charge adaptée précoce », explique Sinead Gaubert, interne en neurologie à Paris et chercheuse à l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. « Même si on ne dispose pas encore d’un traitement qui permette de guérir la maladie, les études récentes suggèrent qu’il faut traiter les patients très tôt, et au mieux avant même la survenue des premiers symptômes. L’objectif des traitements en cours de développement est de pouvoir bloquer la maladie avant l’installation de lésions cérébrales majeures. »

Mais actuellement il n’y a pas d’outil qui soit simple d’utilisation pour détecter les patients à la phase silencieuse de la maladie. Aujourd’hui, les outils dont l’on dispose sont la ponction lombaire qui est un examen invasif et la tomographie par émission de positons qui est un examen d’imagerie coûteux et peu disponible. Au cours de son travail de recherche avec l’équipe de la Pitié-Salpêtrière, Sinead Gaubert a utilisé un examen que l’on appelle l’électroencéphalographie, qui permet de mesurer l’activité électrique du cerveau au moyen d’électrodes posées sur le cuir chevelu. C’est un examen qui est indolore, de faible coût. Le patient doit simplement porter un bonnet couvert d’électrodes pendant quelques minutes.

Un dépistage qui pourrait être à l'avenir plus précoce

Sinead Gaubert a analysé les électroencéphalogrammes de 318 personnes qui présentaient une plainte de mémoire mais dont les tests cognitifs étaient normaux. Grâce à l’électroencéphalographie, elle a montré que les personnes qui étaient à la phase silencieuse de la maladie d’Alzheimer présentaient une activité électrique cérébrale différente de celle des personnes sans lésions de la maladie. Ces résultats sont très prometteurs puisqu’ils suggèrent que cette technique pourrait être utilisée dans les années à venir pour dépister très précocement la maladie d’Alzheimer avant la survenue des premiers symptômes. « Bien sûr cet outil est pour l’instant seulement utilisé dans le cadre de la recherche et de futures études de confirmation de ces premiers résultats sont nécessaires. L’objectif est de rendre cette méthode accessible aux centres neurologiques de ville, notamment en diminuant le nombre d’électrodes, en passant des 256 électrodes qui sont utilisées en recherche à 21 électrodes », explique la neurologue.

Une récompense en attendant de rendre ce procédé accessible

Actuellement, Sinead Gaubert, avec l’équipe de la Pitié-Salpêtrière, poursuit les travaux de recherche. Pour le travail déjà effectué, elle vient d’obtenir, il y a quelques semaines, un prix remis par la Fondation Philippe Chatrier, qui est consacrée à la recherche sur la maladie d’Alzheimer, et qui est abritée par la Fondation de France. Une belle récompense pour cette avancée scientifique, en attendant que le procédé devienne accessible aux centres médicaux de ville. 

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