L’alcool est à l’origine de 41 000 décès par an dans notre pays. L’Académie nationale de médecine pointe du doigt le poids du lobby viticole dans un pays où le vin représente 58 % de la consommation d’alcool.

« L’abus d’alcool est dangereux pour la santé », vous avez certainement aperçu ce slogan en bas d’encarts publicitaires pour des boissons alcoolisées. « Toute consommation d’alcool présente un risque en tant que telle » rectifie Gérard Dubois, professeur en santé publique au CHU d’Amiens et membre de l’Académie nationale de médecine. Ce spécialiste ne prône pas l’abstinence, mais recommande de rester en dessous des repères : au maximum dix verres par semaine, pas plus de deux verres par jour et ne pas consommer de l’alcool tous les jours. Le problème, c’est qu’un quart des Français est au-dessus de ces repères et que 8 % de la population consomme la moitié de l’alcool bu dans notre pays. Pendant des décennies, la consommation d’alcool a baissé régulièrement, mais en 2012, l’Académie nationale de médecine signale déjà un ralentissement de la baisse. En février, Santé publique France a signé que que la consommation de 2017 équivaut à celle de 2013, bref c’est la stagnation. La loi Evin, adoptée en 1991 pour encadrer la publicité sur le tabac et l’alcool a été assouplie à plusieurs reprises. Ainsi, la publicité est autorisée sur Internet et si elle est interdite dans le sport, elle est acceptée dans les fan-zones.

Le vin, un alcool comme les autres

Pour lutter efficacement contre les dangers liés à l’alcool, l’Académie nationale de médecine appelle les pouvoirs publics à s’opposer au lobby des alcooliers. Depuis 1995, l’association Vin et société promeut « les valeurs du vin ». Dès son élection en mai 2017, le président Emmanuel Macron a nommé une ancienne déléguée générale de cette organisation au poste de conseillère en agriculture. A l’époque des spécialistes de la santé publique dénonce cette décision. Le quinquennat est jalonné de polémiques de ce type. C’est le cas le 16 janvier 2019, lorsque le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume explique que le vin n’est « pas un alcool comme les autres ». « Il y a une chose que je peux vous garantir, c’est que l’alcool arrive au niveau du foie. Le foie est incapable de reconnaître si cet alcool provient du vin, de la bière ou du whisky » précise Gérard Dubois.

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