3 mai 2017, Emmanuel Macron débat face à Marine Le Pen durant l’entre-deux-tours de la présidentielle. Le candidat choisit un thème « carte blanche », ce sera le handicap, dont il précise qu’il constitue une priorité du quinquennat. Lors de la composition du gouvernement, Sophie Cluzel est nommée secrétaire d’État en charge des Personnes handicapées, un domaine qui relève désormais de Matignon et non de la Santé. Ces éléments sont interprétés comme des signes d’une politique volontariste en matière de handicap. Deux ans après la victoire d’Emmanuel Macron, un sondage Ifop pour APF France Handicap révèle une défiance inédite des Français en situation de handicap vis-à-vis de la politique du gouvernement : 9 sur 10 ont une opinion négative de la situation économique et sociale de notre pays. Cette même proportion est mécontente de l’action du gouvernement. Les chiffres interpellent, Frédéric Dabi, directeur général adjoint d’Ifop venu présenter le sondage au siège d’APF trouve les résultats « spectaculaires », car ce constat est « massif, homogène et sévère ».

La question épineuse des ressources

La cause d’une telle défiance ? Pour huit personnes interrogées sur dix, Emmanuel Macron n’a pas tenu ses promesses. La principale décision a été d’augmenter l’allocation adulte handicapé (AAH). Le montant de cette prestation est passé de 800 euros à 860 euros et elle atteindra 900 euros fin 2019. Cependant, la hausse est assortie de conditions jugées sévères. Par exemple, pour les couples, le revenu des deux conjoints est pris en compte et est plafonné à 1 600 euros. C'est cette mesure qui est vivement critiquée. « Si vous avez deux jeunes qui touchent l’AAH, ils vont éviter de se marier, de façon à ne pas être plafonnés » explique Alain Rochon, président d’APF France Handicap. La question des ressources est le principal élément de mécontentement. Rappelons deux faits : le chômage des personnes handicapées est deux fois plus élevé que la moyenne de la population active tout comme la période d’éloignement de l’emploi.

La caravane de l’APF

L’association organise une mobilisation pour se faire entendre à l’occasion des deux ans de l’élection d’Emmanuel Macron. Depuis le 7 mai dernier, plusieurs convois de minibus sont partis de plusieurs villes en direction de Paris. Les points de départs sont Nantes, Strasbourg, Grenoble et Montpellier. A chaque étape, d’autres minibus les rejoignent. A bord, des personnes handicapées adhérentes ou bénéficiaires de l’association, des bénévoles et des salariés. En route, cette caravane est ponctuée d’actions pour sensibiliser le grand public. L’arrivée à Paris est prévue le mardi 14 mai avec un rassemblement place de la République. Le même jour Alain Rochon le président de l’association, se rendra à l’Elysée pour remettre une lettre d’APF France Handicap signée par 16.000 personnes à ce jour. L’association espère peser sur la Conférence Nationale du Handicap, une rencontre gouvernementale dont les décisions seront connue cet été.