Inventée au 19e siècle par Louis Braille, l’écriture braille a comme objectif de permettre aux déficients visuels d’écrire et de lire. Désormais, elle doit désormais composer avec l’émergence des nouvelles technologies, qui dessinent un paradigme complètement différent, mais dont elle peut bénéficier. Des spécialistes de l’écriture braille, Fernando Pinto Da Silva, chargé de mission numérique à la Fédération des aveugles et des amblyopes de France, Stéphane Hagues, professeur de bureautique à l’INJA (Institut national des jeunes aveugles) étaient sur le plateau de Vivre FM c’est vous, ce mardi 5 janvier. Vincent Hoefman, professeur de musique auprès de voyants et de non-voyants et Jacques Salvador, interprète de conférence, sont intervenus au téléphone.

La révolution numérique semble n’épargner aucun domaine. L’écriture braille, système d’écriture tactile à points saillants, est également touchée et voit ses pratiques et ses usages être modifiés. L’apparition de la synthèse vocale a notamment offert une alternative aux déficients visuels qui possède l’avantage d’être beaucoup plus accessible. Aujourd'hui sur les 1,7 million de déficients visuels en France, seules 7000 personnes utilisent couramment le braille. Pourtant, “on n’a jamais eu autant la possibilité de lire du braille qu’aujourd'hui” rappelle Fernando Pinto Da Silva. Le chargé de mission à la fédération des aveugles et des amblyopes de France n’oppose d’ailleurs pas nouvelles technologies et braille et estime même qu’ils pourraient fonctionner de concert pour améliorer l’offre à destination des braillistes. L’apparition d’appareils numériques adaptés a par exemple permis une meilleure accessibilité des ouvrages traduit en braille.

Mais les inconvénients du braille, à l’heure de "l’immédiateté et de la rapidité" comme l’a rappelé le professeur de musique, Vincent Hoefman, se font ressentir particulièrement auprès des plus jeunes. La nécessité de devoir suivre un apprentissage pour pouvoir maîtriser le braille reste le désavantage majeur et qui peut d’ailleurs expliquer la baisse de performances dont atteste, Stéphane Hagues, professeur de bureautique à l’INJA. Il faut aussi dire que les contenus proposés ne sont véritablement pas au niveau, “il est difficile pour un élève en déficience visuelle d’avoir accès à son manuel scolaire en braille quel que soit la forme” déplore Fernando Pinto Da Silva. Pour protéger le braille, des mesures en faveur de l’édition adaptée semblent donc être requises.

Si les intervenants s’accordent pour dire que le braille a été en danger, et l’est peut-être encore aujourd’hui, personne ne voit le braille disparaître totalement et aucun ne le souhaite car il représenterait une grande perte pour les déficients visuels qui perdraient un outil bien pratique. Plus qu’une menace, certains souhaitent utiliser les formidables possibilités qu’offrent les nouvelles technologies pour répandre le braille et rendre son accessibilité toujours plus facile et ainsi inciter les plus jeunes à consacrer du temps à son apprentissage. L’école, qui pour l’heure, n’incite pas à l’apprentissage du braille aura également un rôle important à jouer pour accompagner les jeunes atteints de déficience visuelle. Pour Jacques Salvador, interprète de conférence, il y a urgence puisque la fin du braille symboliserait pour lui “la fin de l’alphabétisation de tout un pan de la population” .

Si les initiatives et les projets fourmillent pour aider les déficients visuels, le chemin à parcourir s’annonce long, aujourd'hui près de deux tiers des personnes aveugles connaissent le chômage.

http://www.inja.fr

https://www.aveuglesdefrance.org

Texte - Nathan Nagendra

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