Située à Liévin dans le Pas-de-Calais, l'école des têtes en l'air est un établissement qui scolarise des jeunes handicapés, pour les former au maniement de drones dans un usage professionnel. Une initiative qui a été récompensée le mois dernier, par un prix Accompagnement et handicap, remis par le groupe de protection sociale Klésia, pour récompenser plusieurs actions innovantes, qui améliorent grandement la vie des personnes handicapées. Benjamin Drouadaine nous en fait la présentation.

C'est dans le Nord de la France, à proximité des terrils caractéristiques du bassin minier, que se trouve ce lieu original qu'est l'école des têtes en l'air. Crée à l'initiative de l'Institut d'éducation motrice de Liévin dans le Pas de Calais, cet établissement permet à de jeunes handicapés de se former au maniement de drones dans un cadre professionnel. C'est quelque chose qui est arrivée de façon tout à fait inattendue, explique Marc Witczak, directeur de l'institut d'éducation motrice de Liévin. C'est tout simplement un soir, en regardant une vidéo youtube qui montrait un drone survolant les toits de Paris, que je me suis dit qu'on peut être en situation de handicap et piloter un de ces engins. Un drone, ça se pilote avec des manettes, donc on peut tout à fait en diriger un tout en étant dans le fauteuil.

La formation permet de se préparer au brevet théorique de pilote professionnel, avec à la clé un diplôme reconnu délivré par la Direction Générale de l'Aviation Civile. Avant d'y arriver, il faut suivre un programme bien réglé, 49 heures de cours théoriques, 80 heures de formations pratiques, et 80 heures de traitements photos et vidéos. Le maniement du drone c'est tout simplement deux boutons, explique Christophe Lamory, instructeur drone de l'établissement, on monte, on descend, on tourne et on positionne le drone. Mais si le drone peut sembler facile à prendre en main au premier abord, ça se complique lorsque l'on cherche à maîtriser toutes ses fonctionnalités. Le plus dur ça va être d'aller chercher l'image, parce qu'on a une image événementiel, qui est assez simple, on joue les couleurs, on joue la luminosité. Et derrière, il y a les images techniques qui sont utilisés, pour la photogrammétrie, pour l'image 3D, pour l'image thermique, et ça c'est un petit peu plus compliqué, parce que justement, tout ce qui est relevé topographique et autres, on a besoin d'avoir un positionnement GPS. Là, on a des données qui sont beaucoup plus carrées à respecter, et des données qui sont beaucoup plus longues à traiter. Et c'est le traitement de l'image qui va permettre de restituer une prestation de qualité.

L'école compte pour l'instant 11 élèves qui ont entre 16 et 20 ans, avant d'arriver ici, ils ne savaient pas tous comment faire fonctionner un drone. En revanche, ils avaient tous des rêves précis, que la maîtrise de cet appareil leur permet de réaliser à leur manière. Quand j'étais petit, je voulais être sapeur pompier, mais à cause de mon handicap, je ne pouvais pas, déclare ainsi Benjamin, l'un des élèves. Mais aujourd'hui, grâce au drone, je peux travailler dans la sécurité civile. Ça me prouve que je peux travailler comme tout le monde, parce que si je n'avais pas le drone, je ne pourrais pas le faire, je serais dans un centre et je ferais des activités, tout ça. Le drone m'a permis d'entrer dans le monde du travail.

Les drones n'ont pourtant pas toujours été bien vus, ils ont même pu faire scandale quand à leur utilisation. Toujours est-il qu'ils sont aujourd'hui utilisé non seulement comme loisir, mais aussi comme outils de travail dans des secteurs de métiers très différents comme l'agriculture, le BTP, ou l'événementiel. Et quel que soit l'usage professionnel auquel on destine un  drone, ce dernier est loin d'être inaccessible pour les personnes en situation de handicap.

Face à l'opportunité d'offrir une formation au plus grand nombre, Marc Witczak s'est donné pour objectif d'augmenter le nombre d'élèves pour donner à son établissement une envergure nationale. Il compte même y accueillir des élèves valides, pour que l'école des têtes en l'air soit la plus inclusive possible. Un projet qui pourrait voir le jour très prochainement, l'école des têtes en l'air venant de recevoir l'un des prix accompagnement handicap remis par le groupe de protection sociale Klésia, avec à la clé, la coquette somme de 20 000 euros. De quoi financer l'agrandissement de l'établissement, et ainsi permettre à d'autres jeunes d'aller plus haut, que ce soit avec leur rêve ou avec leur drone.

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