Un siècle après la Première Guerre mondiale, une chercheuse a eu la bonne idée d'utiliser des cellules souches de la pulpe dentaire pour réparer des os de la face abîmés. Cette découverte a été expérimentée avec succès sur de petits animaux. Si la législation évolue et après des tests sur des humains, la technique peut permettre une reconstruction osseuse aux profit des blessés de la défense, des victimes du terrorisme et des accidentés de la route. Le 21 novembre, le professeur Catherine Chaussain  et son équipe, ont obtenu le prix de la Fondation des gueules cassées pour leurs travaux.

Catherine Chaussain est chirurgien dentiste, elle dirige les laboratoires Pathologies, Imagerie et Biothérapies orofaciales à l'université Paris Descartes. La chercheuse et son équipe ont eu la bonne idée d’utiliser des cellules souches pour réparer des os de la face. Comme les cellules proviennent du patient lui-même on écarte le risque de rejet. Notre organisme comporte des cellules souches, que ce soit dans nos os, notre peau ou nos muscles. En cas de blessure limitée, ces cellules viennent réparer. Quand la peau est abîmée on parle de cicatrisation, pour les os on parle de réparation. « L’idéal c’est de refaire le tissu tel qu’il était à l’origine » explique Catherine Chaussain.

Des cellules aux vertus réparatrices

Pour que la régénération permettre de retrouver la même sensibilité, de bonnes facultés de mouvement et la même esthétique, il faut des conditions particulières. L’avantage des cellules souches dentaire, c’est qu’elles ont la même origine embryologique que les os du visage, elles permettent donc d’obtenir la sensibilité, le mouvement et l’esthétique voulues. Les cellules souches sont mises en culture à l’extérieur du corps puis implantées sur le visage. Cette découverte est révolutionnaire, elle a été testée sur de petits animaux. Pour les humains, il faudra patienter quelques années au moins.

Une question de législation

Implanter un corps extérieur chez un patient est un acte soumis à autorisation, les cellules souches de la pulpe dentaires n'ont pas encore passé cette étape. « Il faut démontrer aux autorités la capacité de ces cellules et ensuite on pourra aller vers des autorisations légales qui sont vraiment très complexes », prévient la chercheuse. Au préalable les tests vont être reproduits sur des animaux plus gros. Catherine Chaussain se veut prudente car elle sait l'impatience des personnes qui attendent une reconstruction du visage. En tout cas la Fondation des gueules cassées a soutenu financièrement le projet, une confiance qu’elle a renouvelé le 21 novembre en décernant à l’équipe de Catherine Chaussain son prix.

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