Comme 11 millions de Français, Nadia est aidante familiale. Le week-end, elle consacre du temps à son petit frère atteint de la trisomie 21. Un rôle qu'elle cumule avec son travail, avec une pointe de regrets à cause de la vision négative persistante des personnes handicapées, à laquelle elle est régulièrement confrontée. Comme elle, 1 aidant familial sur 2 doit conjuguer vie professionnelle et rôle d'aidant.  Un reportage de Benjamin Drouadaine. 

A 17h, Nadia Mahmoudia vient de terminer sa journée, Cette gestionnaire de paye de 36 ans a maintenant rendez vous avec des amis pour aller boire un verre. Un moment de détente appréciable au vue de toutes les charges qu'elle assume, parce que son emploi n'est pas la seule occupation de cette jeune maman. Le week-end, elle devient aidante familiale et s'investit auprès de son petit frère de 33 ans, Redha, qui est atteint de la trisomie 21 à 80%.

C'est quelqu'un de très autonome dans ses activités de tous les jours, tempère t'elle, mais il reste quand même dépendant de ses parents et de ses frères et sœurs. Je vais donc le voir chez mes parents tous les week-ends. L'aide que j'apporte est essentiellement administratif donc tous ce qui touche aux papiers, papiers de la caf, de la sécurité sociale, etc. Mais je l'aide aussi au niveau de ces activités, quand il souhaite en faire une à l'extérieur.

 

D'un engagement d'aidante à un engagement associatif

 

Le soutien qu'elle apporte est aussi moral, notamment pour ses parents qui assument normalement le rôle d'aidants principaux. Du fait de leur grand âge, ils ne peuvent en effet réaliser les tâches les plus complexes, comme les procédures administratives, qui leurs sont difficile d'accès.

Nadia, pour le moment, ne ressent pas le besoin d'être aidée à son tour, elle cumule sans trop de problèmes sa carrière professionnelle et sa vie familiale. Elle a même décidé d'aider encore plus de gens en prenant un engagement associatif, actuellement, elle s'investit dans l'association Vivre & Devenir, celle qui gère le foyer Isabelle qui accueille son frère chaque jour de la semaine.

L'idée m'a plu, d'apporter mon soutien, de pouvoir voir comment fonctionne le foyer Isabelle de l'intérieur. Et j'essaie de m'impliquer un petit peu plus chaque jour dans l'association, j'apprend énormément de choses, déclare celle qui est même devenue administratrice de la structure

 

Une vision négative des personnes différentes

 

Les difficultés, Nadia les connaît tout de même, et si elles ne peuvent venir à bout de sa détermination à améliorer la vie de son frère voir d'autres personnes dans son cas, elles ne lui facilitent pas la vie. Celle qui lui fait le plus de tort, c'est la manière dont son frère est perçue dans la rue quand elle se promène avec lui, un regard bien symptomatique de la perception des gens différents par la masse des autres valides.

Pour ces gens, une personne atteinte d'un handicap n'est pas une personne normale, regrette-elle, quand je suis avec mon frère, il a des regards de biais, des regards insistants, et la plupart du temps ce n'est pas de la bienveillance, c'est de la curiosité mal placé. Selon elle, l'ignorance est à la source de cette attitude. Je pense que les personnes handicapées ou les personnes qui ne sont pas comme nous, sont forcément mal vus, parce qu'on les connaît pas, on ne connaît pas leur handicap, on ne sait pas à quoi ça consiste.

Mais même cette adversité ne peut ébranler ses convictions, cela lui donne même envie de faire œuvre de pédagogie auprès de celles et ceux qu'elle a croisée, ou même qu'elle pourrait croiser.

J'ai envie de faire connaître ces différents handicaps et ces différentes personnes atteintes d'un handicap, que ce soit la trisomie ou autre chose. J'ai envie de dire aux gens qu'il ne faut pas avoir peur de ces gens là, de leur dire qu'il faut essayer de se renseigner sur les différentes maladies qu'ils ont ».

Et Nadia reste positive autant qu'elle le peut, quelques soient les embûches qui se trouvent sur sa route, elle tient à continuer à mener de front sa vie professionnelle et sa vie auprès de son frère, comme 55% des aidants de France qui travaillent également. Même si tous n'ont n'arrive pas aussi bien à exercer parfaitement ce rôle d'aidant pourtant nécessaire.

Une journée spéciale consacrée aux aidants familiaux qui travaillent 

 

Ce mardi 2 Octobre 2018, Vivre FM a bousculé ses programmes pour donner la parole aux aidants familiaux. Ils sont 11 millions en France. 55% d’entre eux travaillent. Comment concilier son rôle auprès de la personne aidée et sa vie professionnelle, sans fragiliser sa vie personnelle ?

Manque de temps, fatigue physique et psychologique, complexité des démarches administratives … pendant 10h non-stop, Vivre FM a donné la parole aux aidants actifs, ainsi qu’à ses auditeurs et à ses nombreux experts, pour que chacun partage ses solutions ; et améliorer ainsi la vie de millions de Français.

Décryptage, témoignage, innovation…. « La journée spéciale aidants actifs » a débuté dès 7h du matin, dans la matinale de Vivre FM, jusqu’à 17h. Relayé sur les réseaux sociaux, ce rendez-vous avait pour objectif de sensibiliser le grand public aux difficultés rencontrées au quotidien par les aidants actifs.

Une opération en partenariat avec le Réseau Salariés Aidants Vivre FM

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