Le quotidien des sourds est parfois bien méconnu de la part des entendants. Si la langue des signes permet aux personnes atteintes de surdité de communiquer, une femme se réclame des deux mondes. Il s'agit d'Isabelle Kaisergruber, devenue sourde à l'âge d'un an. Ce handicap n'a pas empêché son inclusion dans la société ni de l'empêcher de passer pour une parfaite entendante. Cette ingénieure, passionnée de danse revient sur son parcours de vie dans son livre Récit d'une femme sourde, et elle est aujourd'hui l'invitée de l'émission Le Grand Témoin - Bien dans sa tête, accompagnée de son interprète Marine. 

Comment parvient-on à devenir ingénieure, enseigner des danses de salon, apprendre le saxo et passer pour une parfaite petite entendante lorsqu’on est sourde profonde et qu’on n’entend plus un son depuis ses un an ? C’est l'histoire que raconte Isabelle Kaisergruber,  celle d’une petite fille qui lutte pour apprendre à parler uniquement en lisant sur les lèvres de ses interlocuteurs. La jeune femme parvient à intégrer le monde des entendants à tous les niveaux : professionnel, social, familial. Refusant catégoriquement d'être considérée comme sourde, Isabelle use de stratagèmes pour intégrer parfaitement le monde des entendants. Craignant d'être rejetée si jamais elle révèle son handicap, elle travaillera d'arrache-pied notamment avec un orthophoniste qui l'aidera énormément à vivre avec cette surdité et à faire avec. 

La découverte tardive de la langue des signes

Contrairement aux autres élèves de sa classe, Isabelle ne s'octroyait que peu de loisirs, elle a passé l'essentiel de son temps à travailler. Aujourd'hui cette femme affirme que c'est "la curiosité, l'essai qui l'a sauvé". Son ouverture d'esprit c'est ce qui fait selon elle le sel de la vie. 

Elle repense avec beaucoup d’émotion au jour où adulte, elle découvre pour la première fois, par hasard, la langue des signes françaises. Un bouleversement d'autant plus grand que le handicap auditif n'est pas assez reconnu dans la société car les entendants "ne peuvent pas comprendre ce que c'est de ne pas entendre". Isabelle Kaisergruber est aujourd’hui bilingue et a sa place dans le monde des entendants et celui des signeurs.

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