800 000, c’est le nombre de personnes qui se donnent la mort chaque année dans le monde. En France, ils sont près de 10 000, l’Hexagone connaît par un ailleurs un taux de suicide plus élevé que la moyenne européenne. Chez les sujets âgés, le taux de suicide s’élève à 20 % contre 9 % pour le reste de la population. En cause des facteurs généraux qui peuvent impacter tout un chacun : phases de grande dépression ou de déprime mais aussi des raisons parfois inhérente à l’âge et au vieillissement : douleurs physiques et psychologiques (sentiment d’être un poids), isolement, deuil des amis et de l'entourage… Le psychiatre Fabrice Jollant et Nathalie Aulnette, directrice de la Fondation APICIL contre la douleur nous parlent d'un sujet très peu abordé dans notre société.

Pour tenter de mieux cerner les envies suicidaires chez les personnes âgées, le Professeur Fabrice Jollant mène un programme de recherche intitulé Comprendre le risque suicidaire de la personne âgée déprimée dans le but d'améliorer les traitements et l'accompagnement. Si les résultats de la recherche n’arrivent que dans un an ou deux, certains faits sont rappelés par notre invité sur la plateau.

Il est difficile d'identifier une crise suicidaire, le sujet est parfois tabou et certaines personnes ont du mal à en parler. Pourtant poser la question peut parfois sauver des vies selon Fabrice Jollant. Une fois la crise identifiée, nous pouvons aider la personne suicidaire en la guidant vers des professionnels qui lui prodigueront des traitements adéquats. Poser la question à nos proches qui se trouvent dans la difficulté ou la souffrance est donc l'un des premiers leviers sur lequel chacun peut agir pour mieux prévenir le risque suicidaire et l'accompagner.

Décrypter les mécanismes de la douleur

Les conditions de vie des personnes âgées ne sont pas faciles : qu’ils soient hébergés dans des établissements de type EHPAD ou chez leur enfant, certains peuvent se sentir inutiles ou ont l'impression d'être une charge pour leurs proches. La société peut parfois tendre à relativiser également ces pensées suicidaires chez les sujets âgées en pensant qu’ils ne leur reste plus beaucoup d’années à vivre... Une pensée contre laquelle se bat ardemment le professeur qui rappelle qu’il n’est pas normal d’avoir des envies suicidaires et que “l’on peut être heureux en étant âgé !”

Si la recherche a permis des évolutions importantes pour mieux prévenir et guérir les idées noires, notamment avec les traitements médicamenteux et les antidépresseurs, il reste à comprendre avec toujours plus de finesse les mécanismes de la douleur, qu’elle soit physique ou psychique. La Fondation Apicil qui lutte contre la douleur physique et psychique co-finance le projet de recherche. Nathalie Aulnette, directrice de la fondation, est venue rappeler à notre antenne l’importance de la qualité de vie des patients parfois mise de côté : “on cherche toujours à soigner et guérir et on s’occupe moins de la qualité de vie” rappelle t-elle. La Fondation souhaite financer des projets qui permettent de valoriser les personnes prises en charge ainsi que d’accorder un soin tout particulier à leur confort de vie.

Fabrice Jollant est  professeur à l'université Paris Descartes, psychiatre à l'hôpital Sainte-Anne GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences, membre de l'Observatoire national du suicide.

Nathalie Aulnette est directrice de la Fondation APICIL

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