Participant à la dernière route du Rhum, Fabrice Payen était l'invité du Grand Témoin - Défi du quotidien, présenté par David Brunier, ce mercredi 19 décembre 2018. Le skipper amputé d'une jambe, s'est confié avec sensibilité, sur son incroyable parcours de vie, et notamment sur son grave accident qui a changé sa vie à tout jamais, mais qui ne l'a pas empêché de s'accrocher à ses rêves. 

« Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait. » Cette citation de l’écrivain Mark Twain correspond parfaitement au projet de Fabrice Payen. Voici un exemple de bravoure et de persévérance qui lui a permit de s’élancer pour la Route du Rhum 2018. Cet originaire de Saint-Malo (35), travaillant depuis 20 ans dans la marine marchande et skipper de métier, a vu sa carrière professionnelle brisée en plein vol.

Un chemin de croix

Lors d’un périple en Asie du Sud-Est à moto, Fabrice Payen et sa femme ont un accident de la route en Inde. Sa jambe droite est touchée, elle se retrouve raide sans aucun moyen de la plier. Malgré de multiples opérations pour essayer de la rétablir et une année entière passée à l’hôpital, rien n’y fait. « Je devais calculer pour me mettre sur une extrémité au cinéma pour étendre ma jambe dans le couloir. Ou alors je dois mettre ma jambe entre les deux sièges de devant dans le taxi. » explique t-il. Cela complique tout au quotidien et bloque tous ses projets même si « c’est pas mal comme cliché pirate,  » ironise-t-il. « J’ai décidé de me diriger vers l’amputation pour gagner en mobilité et en indépendance grâce à du matériel prothétique. Pendant quatre ans, toute mon énergie vitale était absorbée par ce membre impotent donc j’ai pris une décision, pas forcément de l’ordre du commun des mortels, mais j’ai gagné en énergie vitale. » Fabrice Payen vit son amputation comme une libération qui lui permet de se lancer dans de nouveaux projets.

Une renaissance maritime

Une nouvelle opportunité va s’offrir à Fabrice Payen. En effet, son parcours atypique n’est pas passé inaperçu. Il se lance alors dans une course contre-la-montre avec comme objectif final de participer à la Route du Rhum. Une course de voilier entre Saint-Malo (35) et Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. Originaire de Saint-Malo, c’est un rêve pour lui qui voyait partir la course tous les 4 ans depuis 40 ans.
Fabrice Payen attire les partenariats grâce à l’exposition médiatique dont il dispose avec son amputation. « C’est une belle histoire en fait, mon handicap me permet de faire la route du rhum. » Il se démarque et arrive à trouver des budgets. C’est le nerf de la guerre dans un sport mécanique.
En catégorie multicoque, plus simple pour sa prothèse, il ne fait pas pâle figure parmi les concurrents même s’il doit s’adapter. « J’ai changé de posture mentale et j’ai arrêté de réfléchir comme un valide pour mes manoeuvres. Je prends plus de temps mais pas trop non plus. » Cette édition est marquée par les moult dépressions atmosphériques présentes sur le tracé. Fabrice Payen réussi à les traverser et pointe à la 2e place de sa catégorie. Mais il joue de malchance, son voilier subi un démâtage, le mât se décroche, et la course se finit précipitamment pour lui après quatre jours sur les eaux. Coincé sur son voilier endommagé, également percé à l’un des flotteurs, Fabrice Payen se retrouve sur un bateau en train de couler. 
« J’étais un peu sur le radeau de la méduse. Ce qui me faisait le plus peur, c’est que j’étais au milieu du trafic maritime. Je devais signaler ma présence aux cargos avec ma radio et ma lampe de poche pour ne pas me faire percuter. »

Une leçon de vie et de persévérance que symbolise à la perfection Fabrice Payen qui peut sortir de cette course la tête haute. « J’ai montré qu’avec une prothèse je peux faire le job et que je suis aux avants-postes. Je suis déçu mais ce n’est pas totalement un échec non plus. » Il a depuis créé sa propre entreprise professionnelle et ne compte pas en rester là, il vise d’autres courses et cherche d’ores et déjà des sponsors.

                                                                                                                                                                                                                  Antoine Masset

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