À l'occasion de la Journée Mondiale des AVC, qui se déroule ce lundi 29 octobre 2018, notre journaliste Daniel Jacomella s’est rendu au sein de l’hôpital Kremlin-Bicêtre (92), pour assister à une intervention au bloc, afin de découvrir les avancées scientifiques et les dernières innovations technologiques destinées à l’amélioration du traitement des AVC. 800 000 personnes sont atteintes aujourd’hui par un AVC et plus de 500 000 en gardent des séquelles.

Entre 140 000 et 150 000 personnes sont victimes d'un accident vasculaire cérébral chaque année. La situation peut se présenter sous deux formes:

- Soit une artère est perforée ou rompue, causant une hémorragie. Dans ce cas là, il faut agir très rapidement, sans quoi il peut causer la mort de l'individu en quelques heures seulement.

- Soit une artère est bouchée par un caillot, empêchant également l'irrigation du cerveau, mais sans hémorragie. Ici il faut aussi agir rapidement mais la fenêtre d'action est beaucoup plus large.

À l'occasion de la Journée Mondiale des AVC, qui se déroule ce lundi 29 octobre 2018, notre journaliste Daniel Jacomella s’est rendu au sein de l’hôpital Kremlin Bicêtre, pour assister à une intervention au bloc, afin de découvrir les avancées scientifiques et les dernières innovations technologiques destinées à l’amélioration du traitement des AVC. Il a pu rencontrer  le Pr Laurent Spelle, neuroradiologue interventionnel de renom, et Nicolas Plowiecki, Président de Balt, une PME française innovante, qui a développé, au fil des années, une forte expertise pour concevoir et produire en France ses produits à la pointe de la technologie reconnus par les professionnels de santé à travers le monde.

70% de cas d'AVC sauvés, grâce à l'innovation d'une PME Française 

Cette PME familiale, créée il y a 40 ans, vient de créer depuis quelques mois le plus petit stent intracrânien au monde, baptisé Silk Vista Baby, nom choisi par les salariés de l'usine. Grâce à ce produit, les médecins peuvent mieux naviguer dans les zones du cerveau difficiles d'accès et ainsi mieux soigner les anévrismes. Il a aussi la particularité d'être entièrement visible sous rayon X. La France a joué un rôle pionnier en neuroradiologie interventionnelle, née dans les années 70 de la vision de grands professeurs de médecine français. Léopold Plowiecki, fondateur de Balt, a accompagné le développement de cette spécialité à la même époque en inventant les premiers matériaux médicaux destinés aux traitements des AVC sans chirurgie. Cette spécialité révolutionne le secteur en plein boom et sauve plus de 70% de cas d’AVC quand on ne sauvait que 40% de cas d’AVC il y a quelques mois.

Les avantages de l’extraction

Jusqu'à maintenant, on avait recours à la thrombolyse pour intervenir sur un AVC, nous on expliqué les professeurs. Une thrombolyse c'est l'injection d'un produit qui va venir dissoudre le caillot qui obstrue l'artère ou la veine. Seulement ce procédé ne fonctionne pas lorsque le caillot est trop important. Dans ce dernier cas, l'extraction est obligatoire. En 2015, les médecins se sont aperçus que les patients récupéraient mieux lorsqu'on retirait le caillot. L'extraction d'un caillot s’appelle une thrombectomie. Pour ce faire, les chirurgiens n'ouvrent pas le crâne, ils passent par l'aine, une artère dans la jambe. Ainsi ils ont accès aux quatre artères qui irriguent le cerveau. Les médecins introduisent un cathéter dans l'aine jusqu'au caillot. Un mécanisme permet alors de gonfler un coussin qui va venir couper la circulation temporairement, le temps de l'intervention. Sinon le flux sanguin est trop important et disperserait le caillot plus loin.

La capture du caillot

Les soignants glissent un fil à travers le cathéter, appelé un stent, qui va venir perforer le caillot, puis déployer un grillage qui va l'emprisonner. Il ne reste plus qu’à tirer sur le fil pour extraire le caillot.

Les professeurs ont apporté une notion importante pour mettre avant les bénéfices de la thrombectomie. Le « need to treat », littéralement le « besoin pour traiter ». Il s'agit du rapport entre le nombre de patients qui ont recours à un procédé pour en sauver un.
La thrombectomie a un need to treat de trois lorsqu'on intervient dans les 6 heures après l'apparition des symptômes, là où la thrombolyse a un need to treat de sept dans les 3 heures, puis de 14 entre 3 heures et 4h30 après l'apparition des symptômes.

La thrombectomie, une méthode qui fait consensus

Il faut préciser que 72 % des victimes d'AVC ayant eu recours à la thrombectomie retrouvent une vie normale, contre 39 % pour la thrombolyse.

Les professeurs Christian Denier et Laurent Spell expliquent que le procédé est d’autant plus révolution qu'en 2014 il y a eu un consensus en médecine autour de l'utilisation de la thrombectomie. En 2014, le "Journal of Neuradiology" met en évidence plusieurs études mettant en avant l'efficacité de cette pratique, ce qui est exceptionnel dans le milieu médical.

C'est une révolution telle que, les études randomisées (décider au hasard de qui va bénéficier du traitement) ont été arrêtées très rapidement car, au vu du need to treat clairement avantageux comparé à la thrombolyse, il paraissait contraire à l'éthique de continuer les tests à l'aveugle pour démocratiser cette pratique.

Consulter sans attendre

Les professeurs mettent également l'accent sur la prévention. Le principal problème avec les AVC, c'est que les gens ont tendance à attendre après l'apparition des symptômes alors qu'il faut agir le plus rapidement possible. Lorsqu'ils constatent une perte de la parole, de mouvement, un bras engourdi, perte de vision, ils vont se coucher en pensant que ça ira mieux le lendemain. Seulement la fenêtre d'action est passée, et les patients garderons des séquelles très graves et irréversibles.
En soi la thrombectomie est une pratique coûteuse, mais préférable à une prise en charge à vie des séquelles du patient. De manière générale, il faut immédiatement appeler le 15 dès lors que l'on constate les premiers symptômes.

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