Fait divers

Expulsion à Orly : que s'est-il vraiment passé ?

Jean-François Peria est resté plusieurs heures à terre avant d'être secouru
Jean-François Peria est resté plusieurs heures à terre avant d'être secouru
Un quinquagénaire handicapé a porté plainte contre des policiers pour des violences physiques subies lors de son expulsion en août dernier. L'immeuble dans lequel il vivait à Orly, dans le Val-de-Marne, devait être démoli dans le cadre d'un projet de renouvellement urbain.

Depuis sa naissance en 1962, Jean-François Peria habite, avec ses deux sœurs, dans un immeuble adapté à son handicap, au 8 square René Caillé à Orly.



L'affaire immobilière



En 2011, Jean-François Peria et ses deux sœurs, Marie-George et Catherine, apprennent que l'immeuble doit être démoli dans le cadre d'un projet de renouvellement urbain.


Valophis Habitat, le bailleur social, fait trois propositions de relogement mais deux des logements ne sont pas entièrement accessibles aux personnes à mobilité réduite et le troisième est trop petit pour accueillir une tierce personne dont Jean-François Peria a besoin pour l'aider dans tous les actes de la vie quotidienne.


Depuis lors, aucune proposition de relogement adéquate aux besoins de Jean-François Peria n'a été faite par le bailleur social du Val-de-Marne d'après son avocat, Me Gabeaud.


Le 12 août 2015, le préfet du Val-de-Marne demande l'expulsion de la famille Peria de leur logement au 8 square René Caillé, malgré les lettres que la fratrie et leur avocat lui avaient adressées afin qu'il attende qu'ils aient retrouvé un logement convenant à leurs besoins.


Que s'est-il passé alors?


L'affaire pénale



Selon Me Gabeaud, son avocat, alors qu'il sort de son domicile, la personne qui l'accompagne informe Jean-François de la présence d'un groupe de policier et d'un huissier.


Jean-François est entouré par plusieurs policiers et écarté de la personne qui l'accompagne.



Les policiers auraient ensuite tenté d'arracher sa canne blanche, sans succès car celle-ci était attachée à son poignet. Ils l'auraient frappé au dos et à l'abdomen, le faisant tomber à terre. Un des policiers se seraient emparé de sa canne blanche sous prétexte que "bien qu'il ait une canne blanche il peut s'en servir pour nous frapper."


Les secours ne furent appelés que trois ou quatre heures plus tard, pendant lesquelles Jean-François reste à terre.


Les photos de Jean-François à terre circulent sur internet. Pourquoi est-il resté si longtemps à terre sans recevoir aucune aide?


Selon des témoins la scène aurait déclenché l'hilarité des policiers présents sur les lieux.


Jean-François est finalement conduit aux urgences du centre hospitalier de Villeneuve Saint-Georges où le médecin qui le prend en charge constate de "multiples contusions cervicales, dorsales, et des deux genoux", qui lui valent dès le lendemain "une durée d'ITT [incapacité totale de travail] de 2-3 jours, sous réserves de complications ultérieures".


Suite à cet évènement, Jean-François dépose une plainte auprès du  procureur de la République du Val-de-Marne. Les témoins sont actuellement en cours d'audition.


Me Gabeaud, l'avocat de la victime, espère que les policiers seront eux aussi entendus.


Jusqu'à maintenant, ceux-ci ont soit refusé de commenter, soit déclaré que l'expulsion s'était passée sans encombre.


Le procureur de la République annoncera sa décision aux alentours du 17 novembre.