Handicap et emploi

Handicap & emploi : comment se passe un entretien ?

Le nombre de chômeurs handicapés progresse bien plus rapidement que la moyenne nationale.
Le nombre de chômeurs handicapés progresse bien plus rapidement que la moyenne nationale.
Obtenir un poste lorsque l'on est une personne handicapée, c'est bien souvent une tâche compliquée. A l'occasion d'un job dating réservé aux personnes handicapées, nous avons fait le point avec un recruteur sur l'étape incontournable : l'entretien d'embauche.

L'épreuve redoutée par tous. L'entretien d'embauche est la dernière étape avant d'obtenir l'emploi. C'est malheureusement à ce stade que beaucoup de personnes en situation de handicap se retrouvent bloquées : aujourd'hui, le nombre de chômeurs handicapés est deux fois supérieur au reste des chômeurs. C'est dans le but d'échanger que le ministre de la ville, de la  jeunesse et des sports s'est rendu mercredi 1er juillet à un handicafé. Ce rendez-vous, organisé par la Fédération Étudiante pour une Dynamique Études et Emploi avec un Handicap (FEDEEH), permet de faire se rencontrer des personnes handicapées et des recruteurs. Ces mêmes recruteurs qui ont souvent du mal à faire confiance. Adrien Lemercier, président de la FEDEEH, évoque la raison de cette frilosité : "Les recruteurs ne connaissent pas les différents moyens d'adaptations. Du coup, ils ont peur. Des aides existent, il faut simplement faire de la sensibilisation. Il faut en parler plus."


Un entretien ordinaire de recrutement


Alors comment fonctionne un entretien de recrutement ? Pour Stéphane Labille, qui travaille pour la mission handicap du groupe Total, la forme de l'entretien reste sensiblement la même : "C'est un entretien ordinaire. On va privilégier les compétences, le savoir-être que l'on peut déterminer au premier contact. On en vient ensuite à la question du handicap.". Les conséquences du handicap sont évaluées par rapport au poste, pour que chaque parti puisse en tirer le plus de bénéfices. Mais le droit français est clair. C'est bel et bien l'entreprise qui doit s'adapter à l'employé et non l'inverse : "Tout l'intérêt, c'est de relever des points spécifiques, qui ne sont pas ceux de monsieur et madame tout le monde, pour créer une sorte de poste sur mesure. Le but, c'est d'optimiser le poste plus que de l'adapter".

L'autre problème auquel se heurte les personnes handicapées, c'est souvent le manque d'expériences professionnelles. Mais pour Stéphane Labille, le problème se situe avant : "Chez la population de travailleurs handicapées, on observe surtout un déficit de formation professionnel. Une partie de la population de travailleurs handicapés n'a pas le bac, et quand ils sont formées, ils le sont souvent sur des filières courtes. Or, les grands groupes cherchent généralement à partir de bac+2." Mais le recruteur ressort plutôt satisfait de sa journée : 40% des candidats qu'il a reçu verront potentiellement leur aventure se poursuivre pour un entretien "où on va se poser les bonnes questions".

 

Acculturer le monde de l'entreprise


Une méconnaissance au sein de l'entreprise, c'est également le constat du ministre Patrick Kanner à l'issue de l'échange qu'il a eu avec des jeunes en situation de handicap : "Il y a beaucoup de préjugés, d'a priori au sein des entreprises ou des administrations. Il faut acculturer ces mondes". Les personnes handicapées disposent d'un encadrement juridique avec le quota de 6% de personnes handicapées en entreprise. Malgré cela, le handicap reste encore l'un des motifs les plus importants de discrimination à l'embauche. Pas de quoi réduire la conviction du ministre : "Moi les quotas, j'y crois. Il faut valoriser le handicap comme un contrat gagnant-gagnant et non pas une malchance. Une personnes handicapée recrutée va mettre toute son énergie, va montrer sa capacité à être "rentable" pour l'entreprise."