#Parisattacks

Renforcement du plan Vigipirate: Quelles libertés pour les personnes en établissements spécialisés ?

La sécurité limite les allées et venues dans les établissements recevant du public.
La sécurité limite les allées et venues dans les établissements recevant du public.
Il y a 10 jours, Manuel Valls ajoutait deux nouvelles mesures au plan Vigipirate: L'interdiction des rassemblements et le contrôle d'accès des biens et des personnes au sein des établissements recevant du public (ERP). Les pensionnaires des établissements spécialisés peuvent-ils toujours sortir en groupe ? Recevoir des visites ?

Adultes et enfants handicapés sont concernés par ces mesures, les seniors logés en maison de retraite aussi.
L'Agence Régionale de Santé (ARS) d'île de France a adressé ses recommandations aux IME, EHPAD, ESAT et autres foyers d'accueil pour personnes en situation de handicap.
Mais l'application de ces recommandations est laissé à la libre appréciation des directeurs d'établissements. Elle varie souvent en fonction de leur taille et capacité d'accueil.

"On est plus vigilants, mais c'est un risque maîtrisé"

Par exemple, dans le cas de deux EHPAD différents, les répercussions du plan Vigipirate ne seront pas les mêmes. Emmanuel Poulet est le directeur de la Villa Lecourbe dans le 15ème arrondissement de Paris. Il explique comment il gère la situation : 

"On a toujours tenu compte des allées et venues des visiteurs. Il y a toujours eu un passage obligé par une hôtesse d'accueil dans le hall de l'établissement. Nous sommes une petite maison et nous avons toujours prévu un maximum de sorties pour nos pensionnaires, mais ce sont de petites sorties. Aujourd'hui par exemple, un groupe de 6 pensionnaires est en visite au Musée Rodin. On tient compte du message de l'ARS, on est plus vigilants, mais c'est un risque maîtrisé."



De son côté, Patrick Megret est à la tête d'un autre établissement dans le 14ème arrondissement. Plus important, plus sécurisé et doté d'un département Alzheimer, il adopte des mesures beaucoup plus restrictives :
"Ici, la sécurité est déjà renforcée au maximum donc les visiteurs sont très contrôlés. Mais toutes les sorties ont été annulées. Même les petites dans le quartier, les restaurants par exemple. Cette mesure sera maintenue jusqu'à nouvel ordre. L'état d'urgence a été prolongé de trois mois et les familles payent très cher pour loger nos pensionnaires. On ne peut pas se permettre de leur faire courir de risques."


Tous les véhicules sont contrôlés



Matthieu Rolet est responsable du foyer d'hébergement d'une des structures d'accueil de l'institut du Val-Mandé dans le Val de Marne. Il explique que depuis le 14 novembre, tous les véhicules sont contrôlés. Une tâche compliquée car beaucoup de personnes sont accompagnées par des entreprises de taxis ou par des chauffeurs. 

Les entreprises doivent fournir des cartes professionnelles pour tous les chauffeurs. Même chose pour les agents de l'institut.



Mais pour les sorties et l'accompagnement, l'institut tente de laisser des libertés à ses pensionnaires. Matthieu Rolet s'en explique:
" Les visites des proches ont été maintenues. Concernant les sorties, ça dépend : Par exemple, la piscine, l'équitation ou les rendez-vous médicaux ont été maintenus. Mais toutes les sorties collectives comme les visites au musée, les séances de cinéma ou les restaurants sont interdites jusqu'à nouvel ordre."
Pas de tolérance zéro, mais des libertés amoindries pour les pensionnaires.
 

"Ils font le jeu des terroristes"

 
Ce sont sans doute les enfants qui subissent le plus ces deux nouvelles mesures annoncées par le Premier Ministre. Dans un Institut Médico-Educatif du 15ème arrondissement de Paris, toutes les sorties sont annulées jusqu'à la fin du mois de décembre. 

Interrogée par Vivre FM, une maman déclarait il y a peu qu'une sortie spectacle et une sortie exposition ont été annulées.
Révoltée, elle n'accepte pas que sa petite fille soit empêchée de sortir à cause des attentats :
"Ils (l'IME) font le jeu des terroristes en annulant ces sorties."


Dans un foyer pour jeunes adultes handicapés situé dans le 19ème arrondissement de Paris, les pensionnaires sont libre d'aller et venir comme bon leur semble, mais ils ont une interdiction formelle : Ouvrir aux visiteurs quels qu'ils soient. Qu'il s'agisse d'un membre de leur famille ou d'amis, seuls les salariés de l'établissement sont autorisés à ouvrir aux visiteurs.


Le foyer a par ailleurs demandé aux parents de ne pas se retrouver en groupe en face de la structure pour respecter le plan Vigipirate.