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"Autiste asperger, mon fils m'apporte un autre regard sur la vie". Le témoignage de Jordi Zamora, journaliste à l'AFP
Correspondant de l'AFP (Agence France Presse) à Mexico, Washington puis journaliste au desk à Paris, Jordi Zamora fait les choix professionnels qui s'imposent pour s'occuper de son fils, Noé, diagnostiqué autiste asperger aux Etats-Unis.
Il ne regrette rien.
Jordi Zamora est serein. Il aurait pu continuer à parcourir le monde et dénicher les infos cruciales pour le compte de l'AFP, côtoyer les personnalités influentes de la Maison Blanche ou d'ailleurs. Mais quand son fils a été diagnostiqué autiste asperger à Washington, ses priorités ont changées. Il l'assume et en fait même une force.
Sa chance ? Travailler à l'AFP, une grande maison mondiale qui fonctionne 24h sur 24h, tous les jours de l'année.
"L'organisation des plannings permet de travailler de jour, de nuit, en milieu de semaine...pas besoin de signaler qu'on a un problème, l'AFP peut nous caler quand on veut avec bienveillance, où qu'on soit dans le monde"
Il prend appuie sur Diego, son binôme à Washington qui le soutien spontannément. Pas besoin d'en parler à la hiérarchie.
Cumul fréquent des genres, à Washington, Jordi se sépare de la maman de Noé. Ils continuent pourtant d'oeuvrer ensemble pour le bien de leur fils. Ne jamais le lâcher. Ils assurent le relais encore aujourd'hui à Paris ou Noé est scolarisé dans une école "normale" du 9ème arrondissement.
Pour ça, pour la réinstallation en France, Jordi a bénéficié du temps que laisse l'AFP à ses correspondants qui reviennent de postes à l'étranger. Après cinq ans passé aux Etats-Unis, sans aucune famille en France (Jordi est d'origine espagnole, son ex-compagne d'origine tunisienne) il prend quelques mois pour les formalités administratives, se reloger et remplace même l'Auxilliaire de Vie Scolaire qui met plusieurs mois à arriver.
Il découvre alors Noé dans toutes les dimensions de sa vie. Pas uniquement à la maison le soir ou le week-end.
C'est sa deuxième chance ! La richesse du regard de Noé sur les choses lui permet de diminuer ses prétentions professionnelles tout en se nourissant intellectuellement.
Il a refusé d'être un Papa Hélicoptère, comme il dit. Le papa qui passe entre deux vies, deux missions et s'occupe en superficie d'un fils qui a besoin de profondeur, de valeurs à forte constance.
Alors aujourd'hui, Jordi n'est qu'au "Desk" de l'Agence France Presse. Il n'enquête pas, n'investigue pas, ne cherche pas à multiplier les contacts pour remonter à la source d'une information comme il aurait pu le faire en repartant pour plusieurs années en mission à l'étranger. Il reçoit les dépêches des correspondants, les complète, les corrige et les publie. Il n'a fait qu'un seul déplacment à l'étranger en cinq ans.
Mais ses horaires décalés sont synchronisés avec ceux de la maman de Noé pour qu'à aucun moment, leur fils ne se sente seul.
"Le regard de Noé sur la vie m'apporte suffisamment de richesses pour compenser celles que j'ai choisi de ne plus avoir professionnellement"
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