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Un bonus financier pour les crèches qui accueillent des enfants handicapés

Deux ministres visitent la crêche inclusive Le Sourire du Chat à Paris : Sophie Cluzel (à gauche) et Agnès Buzyn Crédit : Ministères sociaux/ DICOM/ Laurent Chamussy / Sipa
Deux ministres visitent la crêche inclusive Le Sourire du Chat à Paris : Sophie Cluzel (à gauche) et Agnès Buzyn Crédit : Ministères sociaux/ DICOM/ Laurent Chamussy / Sipa

Un rapport prône la généralisation de l'inclusion dès la petite enfance. Il a été remis le 29 août par le Haut conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge. Ce jour-là, Agnès Buzyn, la ministre des Solidarités et de la Santé, et Sophie Cluzel, la secrétaire d'Etat en charge des Personnes handicapées, ont visité la crèche inclusive Le Sourire du chat, une structure parisienne pionnière en matière d'inclusion.

La crèche Le Sourire du chat accueille 30% d'enfants en situation de handicap. La visite d'Agnès Buzyn et Sophie Cluzel le 29 août dernier était l'occasion de dresser un bilan sur l'inclusion des jeunes enfants handicapés.

L'inclusion doit se faire dès le plus jeune âge pour être efficace

Le bilan est unanime : la prise en charge très précoce des enfants en situation de handicap apporte des résultats très positifs, à tous les points de vue. Elle facilite la socialisation des enfants handicapés, permet aux enfants qui ne le sont pas de découvrir la différence, et aux parents de ne pas supporter seuls les besoins de leur enfant.

Sylviane Giampino, vice-présidente du Haut Conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge (HCFEA) a présenté le rapport du HCFEA. Elle explique que la socialisation dès le plus jeune âge permet d'inverser l'approche de l'inclusion. En effet, les enfants qui ne sont pas handicapés découvrent la différence en même temps que tout le reste, et cela leur paraît tout à fait normal, alors que lorsque cette socialisation se fait à un âge plus avancé, le handicap fait d'abord partie du domaine de l'étranger. Céline Herrou, la directrice de la crèche, constate également de belles réussites. Elle explique que la prise en charge des enfants handicapés permet de soulager les parents, et notamment les mères, pour qui concilier la vie professionnelle et l'éducation de l'enfant est souvent impossible. Trois mères de famille ont pris la parole pour apporter leur propre sentiment et raconter les progrès constatés chez leurs enfants.

Trop peu de jeunes enfants handicapés sont pris en charge

Sylviane Giampino a présenté différents points qui selon le HCFEA méritent d'être pris en compte et améliorés. Tout d'abord, le principe du zéro sans solution doit être appliqué pour les enfants de moins de 3 ans. Aujourd'hui, 54% des jeunes enfants handicapés ne sont gardés que par leurs parents, alors que c'est le cas de 32% seulement des enfants non handicapés. Pour élargir l'accueil, il est important de proposer plus d'offres alternatives, des emplois-du-temps qui allient la crèche et les structures médicales. Ensuite, le HCFEA propose que les parents aient le droit d'adapter leur travail, en demandant à leur employeur des aménagements de leur emploi-du-temps ou de leur lieu de travail, pour pouvoir répondre aux besoins de leur enfant sans renoncer à leur emploi. Enfin, Sylviane Giampino souligne l'importance de ne pas oublier les frères et sœurs d'enfants handicapés qui sont également fortement impactés dans leur vie quotidienne et qui peuvent souffrir d'une stigmatisation par capillarité. Ils devraient donc avoir une priorité d'accès aux services de droit commun, comme les activités extrascolaires. Des frères et sœurs d'enfants handicapés ont proposé d'intervenir eux-mêmes dans des écoles pour sensibiliser leurs camarades, et de réaliser un guide pour mieux appréhender le handicap.

Les établissements d'accueil d'enfants handicapés constatent également la nécessité de généraliser la prise en charge précoce. C'est l'avis de Géraldine Masin, responsable du Sessad Saint-Michel, un établissement d'accueil pour personnes autistes qui a une unité pour les tout-petits et qui fait partie de l'association Vivre Devenir. Le Sessad prend en charge des enfants sur place, mais les accompagne également à l'école, en guidant les enseignants et les AVS. Selon Géraldine Masin, il est nécessaire d'avoir des établissements "à la carte", pour adapter le parcours de soins à chacun, ainsi qu'une meilleure formation et sensibilisation des professionnels. Cela permettra au personnel des crèches d'orienter les familles vers le diagnostic, et ainsi d'avoir une prise en charge le plus tôt possible.

Les grands enjeux : s'adapter à chaque enfant, élargir la prise en charge

Sophie Cluzel a donc annoncé que l'un des efforts à présent allait être de favoriser la proximité, et d'axer plus sur l'environnement que sur la personne. Selon elle, il est également important de s'appuyer sur l'expertise parentale pour adapter le parcours de l'enfant, car ils sont les premiers à savoir de quoi leur enfant a besoin. Ensuite, Agnès Buzyn a évoqué la création d'un bonus pour les crèches inclusives. Ce bonus sera progressif en fonction du nombre d'enfants handicapés accueillis par la crèche, à partir de 500€ par enfant. L'objectif est qu'un grand nombre de places en crèche pour enfants handicapés ouvrent partout en France. la deuxième grande mesure annoncée est la mise en place d'un forfait de prise en charge précoce, permettant de consulter les médecins nécessaires même avant d'avoir le diagnostic. Ces dernières mesures doivent être mises en œuvre dans le courant de l'année scolaire 2018/2019. Agnès Buzyn considère également qu'il faut moins penser en termes de structures, mais plutôt envisager des solutions adaptées à la situation de chaque enfant.

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