Justice

Maladie méconnue : Plusieurs familles se disent victimes d'un "acharnement judiciaire"

Maryline, Paul et leur bébé Mya
Maryline, Paul et leur bébé Mya
Accusés de maltraiter leur enfant, Maryline et Paul ont été privés de la garde de leur petite fille. Mais il se pourrait que les blessures décelées sur le bébé, soient les conséquences d'une maladie méconnue. En France, des dizaines de familles vivent la même histoire. Elles se sont réunies à Paris pour préparer leur défense.

Maryline est infirmière en orthopédie, et Paul est aide-soignant en réanimation. Au Printemps 2017,  les  jeunes parents emmènent leur petite fille aux urgences, après avoir découvert plusieurs hématomes sur son corps. Après des examens complémentaires, les médecins découvrent la présence d’une fracture, ainsi qu’un hématome sous-dural. Ils ont alors suspecté le syndrome du bébé secoué - un syndrome de maltraitance parental - et ont annoncé au couple que leur bébé Mya, resterait à l’hôpital, en pouponnière.

Maryline et Paul ont été contactés par des brigadiers le 25 avril 2017, et ont été auditionnés en garde-à-vue pendant trois jours. Sous la pression, les jeunes parents disent avoir avoué des choses qu’ils n’avaient jamais faites, afin d’éviter la prison. Ils sont alors passés devant la juge d’instruction, qui a désigné trois médecins experts afin de diagnostiquer leur fille. Mais Maryline et Paul ont dû attendre six mois pour connaître le résultat de l’expertise, qui a finalement établi que Mya était victime de ce syndrome du bébé secoué.

Effaré, le couple demande une contre-expertise, mais elle est refusée par la juge. Maryline et Paul décident alors de faire appel en février dernier, mais n’ont toujours pas eu de nouvelles depuis. Au début de l’enquête, ils ne pouvaient voir leur enfant qu’une heure par mois, sans pouvoir la tenir dans leurs bras. Aujourd’hui, ils ont le droit à trois heures par mois, mais espèrent voir cette situation évoluer le plus rapidement possible.

Depuis que l’enquête a commencé, Maryline et Paul ont rencontré d'autres familles qui vivent la même histoire, et chez qui il a été prouvé que leurs enfants étaient atteints du syndrome d’Ehlers Danlos. Il s’agit d’une maladie héréditaire, qui se caractérise par une anomalie des tissus conjonctifs, qui lient et soutiennent les organes entre eux. Les malades peuvent notamment avoir comme symptômes des douleurs importantes, ainsi qu’une exacerbation sensorielle. Elle se caractérise également chez les nouveaux-nés par des fractures spontanées, et des hématomes. La petite Mya pourrait-être aussi atteinte du syndrome d’Ehlers Danlos, mais seules des expertises complémentaires pourront le confirmer.

Selon Claude Hamonet, professeur en médecine spécialiste du syndrome, cette maladie serait méconnue du corps médical, car elle n’aurait jamais été enseignée. Les signes de cette maladie auraient trop longtemps été confondus avec notamment ceux de la sclérose en plaque. Ainsi, cela expliquerait les résultats des expertises dans le cas de Mya, que le professeur considère être erronés. De plus, il n’existe pas de test biologique formel, ou d’imagerie, c’est-à-dire une prise de sang ou un examen d’IRM, pour certifier que le malade souffre, ou ne souffre pas, du syndrome. Selon Claude Hamonet, il suffirait d’écouter son patient et d’effectuer un examen clinique, afin d’établir le diagnostic. Le professeur regrette que la médecine ne prenne pas plus au sérieux cette affaire, qui empoisonne le quotidien de nombreuses familles en France.

Tout comme Maryline et Paul, il existe des dizaines de familles victimes de cette situation en France. La semaine dernière, nous avons rencontré cinq d’entre elles qui se réunissaient, avec le professeur Hamonet, au centre Ella Santé à Paris. Tous ont partagé leurs expériences, sensiblement similaires, et un rapport de la réunion a été rédigé, dans le but de dénoncer ce qu’ils considèrent être "un acharnement judiciaire".

 

Retrouvez le témoignage de Paul et Marilyne dans l'info différente de Vivre FM :