Sida

120 battements par minute, la révolution Act Up

Sean, joué par Nahuel Pérez Biscayart
Sean, joué par Nahuel Pérez Biscayart

Le film de Robin Campillo montre comment l’association Act Up Paris fait émerger le malade comme acteur de la lutte contre le Sida en France. Ce long métrage qui a obtenu le Grand Prix du Jury au festival de Cannes sort le 23 août.

« Nous vivons le Sida comme une guerre, une guerre invisible aux yeux des autres. Pourtant nos amis meurent et nous ne voulons pas mourir ». Ces mots d’un responsable d’Act Up Paris nous paraissent évidents aujourd’hui. Mais en France au début des années 90 la lutte contre la maladie ne va pas de soi. Les traitements ont des effets secondaires ravageurs pour la santé des patients et ne sont pas accessibles au plus grand nombre. Act Up Paris monte une opération commando contre Melton Pharma, un groupe pharmaceutique que l’association accuse d’organiser une pénurie de multithérapies.

Le malade comme acteur

Plusieurs activistes accompagnés d’un photographe se rendent au siège social du laboratoire pour réclamer les résultats de tests de toxicité qui tardent à être rendus publics. Les militants lancent du faux sang sur les murs et la direction appelle la police. Les membres de l’association finissent au poste. Ironie de l’histoire les policiers osent à peine toucher ces manifestants de peur d’attraper la maladie. Cette opération n’est pas relayée par les médias mais elle contribue à faire pression sur une entreprise. « Il faut inverser le rapport de force. Ce n’est pas nous qui avons besoin des labos, ce sont eux qui ont besoin de nous » explique un militant. Le patient devient un acteur pour défendre sa santé et le droit à l’information.

Informer les malades et sensibiliser l’opinion

Act Up est un mouvement international qui utilise des méthodes dans le but d’interpeller l’opinion. Et pour cause, Sean, Nathan ou Thibaut et leurs camarades se battent contre une maladie et leurs jours sont comptés. Sean a été contaminé quand il avait seize ans, lors d’un rapport sexuel avec un professeur de mathématiques. Thibault a connu un ami lui aussi touché par la maladie. Il a eu tellement peur qu’il a opté pour l’abstinence. Face à l’indifférence et au manque d’information ces militants s’échangent des informations et deviennent des spécialistes de HIV. Act Up se sent également bien seul sur le terrain de la prévention. Lorsque des militants organisent une opération de sensibilisation sur le préservatif dans un lycéen, ils s’attirent les foudres d’une partie du personnel.

Le film montre le fonctionnement d’Act Up presqu’à la manière d’un documentaire. On assiste à des assemblées générales souvent houleuses et des actions coup de poing. On suit en particulier Sean et Nathan, un couple qui s’est rencontré au sein de l’association et qui va se souder face à la maladie.