Vote handicap mental
A Lille, les électeurs avec un handicap intellectuel sont prêts !
Pour Justine et Jean-Baptiste c’était deux mercredis de suite d’entraînement et de discours autour d’un sujet qui les passionne : le vote. Ces deux jeunes de Valenciennes en situation de handicap intellectuel sont venus dès le matin du 12 avril pour écouter les discours de représentants de 7 candidats à l'élection présidentielle et pour participer aux échanges organisés au sein du CREAI Hauts-de-France à Lille. C’était une journée complète, avec des présentations des programmes des candidats dans un discours facile à comprendre et des séances de questions-réponses. Spécialement conçue pour des personnes en situation de handicap intellectuel ou psychique, la journée était le premier du genre en France.
Près de 80 personnes provenant de différentes structures et des établissements médico-sociaux du nord de la France ont pu participer. Le nombre des participants a été limité surtout à cause de la taille de la salle. Beaucoup plus ont souhaité venir.
Pour ceux qui n’ont pas pu assister, les discours et les présentations sont visibles sur internet (cliquer ici).
Comment choisir pour qui voter ?
Même si toute personne a le droit de vote quel que soit son handicap, il est toujours difficile de l'exercer en réalité. Par exemple, beaucoup des personnes ont du mal à comprendre les campagnes électorales. Le gouvernement français recommande aujourd’hui que « l’ensemble des documents de campagne doit être offert dans une version facile à lire et à comprendre. » Il recommande aussi des réunions permettant de vrais échanges avec les personnes handicapées, comme celui organisé par le CREAI à Lille.
« On voulait avoir une vraie participation » explique Pauline Tursi du CREAI Hauts-de-France. Les personnes pouvaient signaler quand le représentant parlait trop vite en soulevant un carton jaune. Un carton orange était utilisé pour signaler « je n’ai pas bien compris ».
Les quinze minutes de questions-réponses après chaque discours étaient souvent animés, et les participants ont pu exprimer leurs soucis, pour parler de leurs vies et même, à la fin, donner leurs conseils aux candidats.
Pour Jean-Baptiste l’affaire est bouclée : écouter les discours et pouvoir poser ses questions à un représentant était, pour lui « vraiment très intéressant. Ca a changé mes avis ». Il sait maintenant pour qui il va voter, même s’il garde son choix pour lui.
Comment on vote ?
Une répetition de vote à Haubourdin permet les électeurs de connaître la procedure, de pratiquer les gestes et de se faire aider si besoin
Quant à Justine, elle n’a que 17 ans, donc c’était plutôt une question d’entraînement. Dans quelques mois elle aura l’âge nécessaire pour voter, et elle s’intéresse déjà aux élections municipales. Elle a participé à une journée de répétition de vote aussi organisée par la CREAI avec l’aide de la Mairie d’Haubourdin le 5 avril.
Cela lui a permis de comprendre le fonctionnement d’un bureau de vote, de repérer les difficultés et d’arriver à se faire aider. « Moi, je n’ai pas l’habitude avec les enveloppes, parce-que où j’habite, c’est électronique » explique-t- elle. « J'ai demandé à quelqu'un de m'aider, pour voir. »
L’association Nous Aussi propose aux bureaux de vote une série d’affiches « Je vote » qui orientent les électeurs et leur rappellent les étapes en « français facile et à lire et à comprendre ». Justine trouve ces affiches très utiles.
Qui peut voter ?
Pour Lachen Er Rajaoui, président de l’association Nous Aussi, le plus grand défi reste de faire connaître leurs droits aux personnes en situation de handicap intellectuel. « Des personnes dans mon entourage, quand je leur parle, ils disent « Ah bon ? Je ne savais pas que j’avais le droit de voter. » Je les dis que si, comme tout citoyen, on a le droit de voter. »
Depuis la loi de 2007, toute personne sous curatelle a le droit de voter. Les personnes sous tutelle ont aussi le droit de vote, sauf si le juge de tutelle le retire.
Ce pouvoir du juge de retirer le droit de vote aux personnes sous tutelle ne respecte pas la Convention des Nations Unies relatives aux droits des personnes handicapés, dont la France est pourtant signataire. Différents organisations et associations, y compris Nous Aussi, militent aujourd’hui pour que la loi française change et s’aligne sur la convention de l’ONU.
La journée de répétition du vote et la journée d’information et d’échanges ont été organisées par la CREAI Hauts-de-France et l’association Nous Aussi. Elles sont entièrement financées par les contributions d’adhérents. L’association La Vie Active a apporté leur soutien sous forme d’un buffet pour tous les participants de la journée du 12 avril.
Pour plus d’infos :
Le site du CREAI Hauts-de-France www.creaihdf.fr
Les vidéos des discours en français facile à comprendre « Elections accessibles » cliquer ici
Le guide « Mémento pratique à l’usage des candidats aux élections et de tous les citoyens concernés » (cliquer ici)
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