Prix Marcel Dassault
Santé mentale: un prix pour encourager la recherche
Le prix Marcel Dassault est remis conjointement par le groupe Dassault et la fondation FondaMental pour la quatrième année consécutive. Portraits croisés des deux lauréat et de leurs travaux de recherche en santé mentale.
Philip Gorwood: "Chercheur de l'année"
Philip Gorwood recevant le prix Marcel Dassault
Philip Gorwood est professeur de psychiatrie à l'université Paris Descartes et chef de service à l'hôpital Sainte-Anne à Paris.
Il a été récompensé pour ses recherches sur les addictions, qu'elles soient chimiques (alcool, cigarettes, etc.) ou comportementales (addictions au jeu, au sexe ou encore au shopping). Tout l'enjeu de ses recherche est d'identifier la vulnérabilité génétique aux addictions pour mieux comprendre les mécanismes qui créent des dépendances. Il s'agit aussi pour lui de développer des traitements appropriés et de trouver comment informer les patients au mieux afin que, conscients de leur vulnérabilité, ils puissent adapter leur comportement.
Selon le Pr. Gorwood, des facteurs génétiques peuvent nous rendre plus ou moins vulnérables aux addictions et c'est l'objet de ces recherches que de comprendre comment cela fonctionne, et pourquoi certains d'entre nous ont plus de risques de développer des addictions au point de mettre leur santé ou leur vie sociale en danger.
Les travaux du professeur Gorwood ont révélé que le gène codant pour la dopamine D3 est impliqué de façon certaine dans certaines addictions. Il s'agit maintenant d'en comprendre les mécanismes et, pourquoi pas, d'identifier d'autres gènes à l'origine de certaines dépendances.
Laurent Groc: primé pour son "Projet d'innovation"
Laurent Groc recevant le Prix Marcel Dassault
L'autre lauréat, Laurent Groc, est directeur de recherche au CNRS et dirige l'équipe "Développement et Adaptation des Circuits Neuronaux" au sein de l'Institut Interdisciplinaire de Neurosciences à l'université de Bordeaux.
Il a été récompensé pour ses travaux sur les liens entre système immunitaire et santé mentale.
Les troubles psychotiques englobant la schizophrénie et les troubles bipolaires touchent entre 1 et 4% de la population mondiale.
Le Dr. Laurent Groc a montré que des dérèglements du système immunitaire participent à l'émergence de certaines maladies mentales. Parfois, il arrive que le système immunitaire se retourne contre le corps : au lieu de se défendre contre une menace venue de l'extérieur, il se défend contre le corps lui-même. Apparaissent alors des auto-anticorps que l'on retrouve chez certains patients atteints de schizophrénie.
L'équipe du Dr. Laurent Groc cherche donc à identifier chez les patients schizophrènes la présence de molécules issues d'une altération du système immunitaire et à comprendre l'impact qu'ont ces molécules sur les neurones à l'origine des troubles psychotiques.
Cela doit permettre de tester de nouveaux traitements chez l'animal pour, à terme, développer une thérapie adaptée aux patients.
Chaque lauréat a reçu une somme de 300 000 euros pour poursuivre ses recherches. Les maladies mentales concernent une personne sur cinq et représenteront à l'horizon 2020 la première cause de handicap dans le monde.
