Service Civique
Le gouvernement renforce l'accès du Service Civique pour les personnes handicapées
Être handicapé n'empêche pas d'aider. C'est le message qui ressort de l'échange qui s'est tenu mercredi 1er juillet entre le ministre de la ville, de la jeunesse et des sports, Patrick Kanner, la secrétaire d'Etat aux personnes handicapées et à la lutte contre l'exclusion, Ségolène Neuville, et cinq jeunes volontaires. Chacun d'entre eux ont participé à une mission de service civique sur une période allant de 6 à 8 mois.
Mais ces jeunes sont une exception : Le service civique recense seulement 0,5% de personnes en situation de handicap qui participe à ces missions de service public. Un chiffre beaucoup trop faible pour Patrick Kanner : "C'est un mauvais score. Il y a énormément de jeunes en situation de handicap qui veulent faire un service civique. Malheureusement, soit ils s'autocensurent soit ils ne trouvent pas de place dans le milieu associatif ou dans le secteur public une structure pour les accueillir ". La rencontre s'est organisée à l'occasion d'un amendement à une ordonnance sur l'accessibilité, qui permettra aux personnes handicapées de participer au projet qu'est le service civique jusqu'à 30 ans, là où les autres participants ne peuvent pas avoir plus de 25 ans.
Le Service Civique, un tremplin vers l'emploi
Tous ces jeunes ont retiré des bénéfices de cette mission de Service Civique, comme Alexandre. Ce jeune homme, autiste Asperger, travaille justement sur la promotion des missions du Service Civique au sein du Conseil départemental de Meurthe et Moselle. Une opportunité qui lui a permis de mettre en pratique ce qu'il a appris : "Après la sortie de mon bac pro comptabilité, je me suis retrouvé deux ans sans rien faire. Il ne s'agissait pas d'un défaut de compétences, mais je ne savais pas où aller. Là, avec le service civique, j'ai pu valoriser mes compétences"
Mais alors, la mission Service Civique représente-t-elle un véritable tremplin pour l'emploi ? C'est en tout cas le sentiment de la secrétaire d'Etat Ségolène Neuville lorsqu'elle parle de l'Institut du Service Civique. A ne pas confondre avec la mission : "L'institut a des relations avec un certain nombre d'entreprises, avec lesquelles ils discutent des métiers, des possibilités qui s'offrent à eux à la suite de leur mission". C'est le choix qu'a fait Marine-Jade. Handicapée psychique, atteinte d'un trouble bipolaire, elle a d'abord commencé par de la médiation culturelle ainsi que des cours d'alphabétisation sur Paris à la Ligue de l'Enseignement . Puis elle a intégré l'Institut du Service Civique suite au concours d'entrée. A travers des séminaires dispensés par des professionnels, elle a pu prolonger l'expérience : "C'était une suite logique pour moi. L'institut nous accompagne sur le plan de la formation, de l'emploi et de l'entreprenariat pour nous former en tant que citoyen […] Rencontrer d'autres jeunes dans la même situation, ça m'a aussi permis de mieux accepter mon handicap".
Pour Txomin, le tremplin vers l'emploi s'est même concrétisé par un CDI. Ayant évolué jusque là dans le secteur culturel pour ses missions, ce bordelais avait trouvé un poste dans une Maison des Jeunes et de la Culture en tant que responsable jeunesse. Mais, atteint d'hémophilie, son handicap l'a vite rattrapé : "J'ai été licencié pour inaptitude. Malheureusement, je me suis rendu compte que mon corps avait ses limites et que si je ne voulais pas aggraver la situation je devais m'arrêter net".
Beaucoup de demandes pour peu d'élus
Le manque de jeunes en situation de handicap, que le ministre Patrick Kanner qualifie de "mauvais score", est aussi dû au fait que beaucoup veulent participent par rapport au nombre de postes disponibles : Toutes catégories confondues, on dénombre aujourd'hui quatre demandes pour un poste de mission. De 35 000 postes en 2015, le gouvernement souhaite atteindre 150 000 missions d'ici début 2017, avec une étape à 70 000 d'ici la fin de l'année.
Pour améliorer l'inclusion de ces jeunes, les ministres comptent améliorer l'adaptation des postes comme l'adaptation des taux horaires. Certains handicaps développant une certaine fatigabilité, des semaines à 24 heures pourront être mises en place. Le but est de proposer les mêmes postes à tout le monde, mais l'accessibilité reste encore un frein : "Certains postes seront identiques, d'autres seront totalement adaptés. Par exemple, l'un des jeunes présents (Victorien, en fauteuil roulant, qui a fait une mission de service civique au sein de l'Association des Paralysés de France, ndlr) a pu travailler à l'APF parce que là-bas, tous les postes sont accessibles. Il aurait voulu travailler dans mon ministère, il n'aurait pas pu."
L'amendement relatif au Service Civique sera examiné en même temps que l'ordonnance sur l'accessibilité lundi 6 juillet à l'Assemblée Nationale. Ordonnance par ailleurs fortement contestée.