Trisomie CSA

Une campagne sur la trisomie qui ne plait pas au CSA

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel rend un avis défavorable concernant la diffusion d’une vidéo réalisée sur la trisomie 21. La campagne "Chère future maman" s'adressait aux femmes enceintes susceptibles de mettre au monde un enfant trisomique. L'avis du Conseil soulève malgré lui les oppositions existantes liées à l'avortement.

La vidéo avait fait un véritable buzz. La campagne "Chère future Maman", diffusée  en mars dernier à l’occasion de la journée mondiale de la trisomie 21, visait à rassurer les femmes enceintes sur l’avenir de leur enfant atteint de la maladie. Dans un communiqué, le Conseil supérieur de l’audiovisuel estime que ce clip "ne peut être considéré comme un message d’intérêt général" et que "sa finalité peut paraître ambigüe".


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Alors qu’est-ce qui pose réellement problème dans cette vidéo ? Les avis divergent. Parmi les réalisateurs de cette campagne, on retrouve la Fondation Lejeune. Proche des milieux catholiques, la Fondation est connue pour son travail de recherche sur la trisomie 21, mais également pour ses positions contre toute forme d’avortement. En 2012, elle s'était également prononcée contre le Mariage pour Tous. Mais pour son fondateur Jean-Marie Le Mené, le clip a pour objectif de lutter contre la discrimination et la stigmatisation dont sont victimes les personnes handicapées."Je suis spectateur d'une violence institutionnelle de la part d'un organisme public censé être indépendant et je vois l'expression d'une censure et d'un totalitarisme de la pensée qui m'inquiète énormément. On a plus le droit, non seulement de donner naissance aux enfants trisomiques mais même d'évoquer la possibilité que ces enfants trisomiques puissent un jour être heureux et faire le bonheur de leurs parents. La quintessence du message du CSA c'est de dire aux téléspectateurs et aux femmes qui pourraient donner naissance à un enfant trisomique : vous ne serez pas capables de l'aimer."

 

 

Autre son de cloche du côté des associations de défense du droit à l'avortement pour qui ce clip flirte avec la culpalisation des femmes. Pour Maya Surdut, secrétaire générale de la Coordination des associations pour le droit à l'avortement et à la contraception (CADAC), le CSA aurait dû aller bien plus loin. "C'est une véritable propagande pour la Fondation Jérôme Lejeune, qui est une machine de guerre contre le droit des femmes à disposer de leur corps. Il ne faut jamais qu'elles avortent. Et que le CSA réagisse de façon aussi ambigüe est plus que regrettable".  L'avis du Conseil supérieur de l'audiovisuel ne contente donc personne. L'émotion suscitée par cette question est à l'image de l'ampleur de la diffusion de cette campagne. La vidéo a déjà été visionnée plus de 5 millions de fois sur Internet.