Rwanda Génocide
Rwanda : "Les blessures psychiques, morales sont les plus dures"

"Ca revient pendant les commémorations", raconte au micro de Vivre Fm Vénuste Kayimahe, écrivain rwandais dont la famille a été victime des massacres du génocide. Les mauvais souvenirs, les traumatismes..Comme beaucoup de Rwandais, l'écrivain continue de panser ses blessures. Et si l'écriture joue pour lui un rôle de catharsis (son dernier livre, " La chanson de l'aube", traite de cette sombre page de l'histoire rwandaise), ce n'est malheureusement pas le cas de nombreuses autres personnes, qui souffrent encore de graves traumatismes psychiques.
D'après Augustin Nziguheba, psychologue et coordinateur technique des projets de santé mentale de Handicap International au Rwanda, 29 % des habitants du pays souffrent de stress post-traumatique encore vingt ans après les faits. Perte d'appétit, cauchemars, repli sur soi...les symptômes sont très reconnaissables. Incapables de s'extirper du passé, les personnes rencontrées par les psychologues (veuves, enfants de la rue, enfants devenus chefs de familles trop tôt) vont face à de graves états dépressifs. Et les anciens génocidaires subissent aussi les conséquences de ce massacre. D'après Augustin Nziguheba, en effet, les bourreaux sont confrontés à un important sentiment de culpabilité. Lequel s'est souvent d'autant aggravé qu'ils n'ont pas bénéficié d'un soutien psychologique en prison.
Seule solution ? La parole
Pour Vénuste Kayimahe, "les blessures psychiques, morales sont les plus dures, les plus difficilement cicatrisables". Seule solution, d'après lui ? La parole. Et c'est pourquoi toute tentative de négationnisme s'avère particulièrement douloureuse pour les Rwandais. Augustin Nziguheba, lui, s'appuie sur les autorités locales (pasteurs, responsables d'associations) à la recherche d'anciennes victimes pour leur apporter écoute et soutien.
Perpétré d'avril à juillet 1994, le génocide rwandais a fait près de 800 000 morts. Il est considéré comme le plus rapide de l'histoire et comme celui de plus grande ampleur quant au nombre de morts par jour.
A lire : La chanson de l'aube" de Vénuste Kayimahe, 24 euros, chez Izuba éditions