Mémoire

Journée mondiale de mémoire de l'Holocauste : 275 000 victimes handicapées

275 000 personnes handicapées ont été victimes des crimes nazis
275 000 personnes handicapées ont été victimes des crimes nazis

A l’occasion de la journée mondiale à la mémoire des victimes de l’Holocauste, lundi 27 janvier, des associations et des intellectuels rappellent que 275 000 personnes handicapées ont été assassinées par les nazis ou leurs alliés. En France, une pétition a été lancée pour un mémorial en hommage à ces victimes méconnues.

Le 27 janvier 2014, les Nations Unies consacrent une nouvelle journée internationale à la mémoire des victimes de l'Holocauste. De nombreuses associations européennes, dont le Forum Européen du Handicap (European Disability Forum), expriment le souhait que cette journée de mémoire ne commémore pas seulement les morts ou les justes. Elle désirent que ce moment serve aussi d’appel à tous les états de protéger les droits de tous les citoyens, quelles que soient leur origine ethnique, leur religion, leur orientation ou genre sexuel, ou leur handicap.

 

Onze millions de personnes ont été exterminées par les nazis, parmi lesquelles six millions de juifs. D'autres populations, notamment des Roms, des personnes de couleur, des opposants politiques, des homosexuels ou encore des malades et des personnes handicapés font également partie des victimes de ce crime contre l'humanité.

 

Au nom de “l’hygiène raciale”

 

Parce qu'ils étaient handicapés, des milliers de femmes, d'hommes ou d'enfants ont été abandonnés, maltraités, victimes de cruauté, exterminés. 

 

Sous le régime nazi, au nom de « l'hygiène raciale », 400 000 femmes furent stérilisées et 275 000 enfants ou adultes affectés d'une déficience mentale ou physique assassinés dans le cadre du programme : Aktion T4.  Son objectif : protéger le peuple de la « tumeur cancéreuse » ou « gangrène » que représentaient ceux que l’on jugeait comme "génétiquement inférieurs".

 

En France, sous le régime de Vichy, il est avancé le chiffre de 50 000 personnes qui, internées dans les hôpitaux psychiatriques français, sont mortes par abandon, absence de soin, sous-alimentation et autres maltraitances.

 

Une pétition pour un mémorial    

 

Charles Gardou, anthropologue et professeur à l'Université Lumière Lyon 2, et Jean-Marc Maillet-Contoz, directeur du magazine Handirect et directeur général du salon Urbaccess, invitent à signer leur pétition « Pour un mémorial en hommage aux personnes handicapées victimes du régime nazi et de Vichy ».

« Nous avons érigé des monuments en hommage aux millions de victimes de cet épisode meurtrier de notre histoire. Mais c'est toute une partie de nos semblables dont nous sommes en train de laisser s'éteindre le souvenir. » 

Charles Gardou ajoute qu’ « un mémorial en leur mémoire constituerait l'affirmation que, sous aucun motif, la valeur des existences humaines ne peut se hiérarchiser et que la mort des personnes handicapées est aussi importante que celle des autres victimes de cette tragédie ».

 

Alors qu'un mémorial similaire sera inauguré en Allemagne à l'automne prochain, les co-auteurs de la pétition souhaitent faire réagir le président de la République.

 

La pétition rassemble à ce jour 18 377 signataires. 84 historiens, psychiatres, sociologues, anthropologues, philosophes, écrivains, journalistes et artistes ont apposé leur signature, dont Tahar Ben Jelloun, Patrick Poivre d’Arvor, Pascal Bruckner, Axel Kahn, Serge Moati ou encore l’ancien ministre Jean-François Mattéi.