congrès Nice 2013

Psychologues scolaires : les associations disent « stop à la psychanalyse ! »

A l'école, les psychologues scolaires ne sont pas suffisamment bien formés aux troubles du développement cognitif, affirment cinq associations protestant contre le congrès AFPEN prévu à Nice en septembre prochain.
A l'école, les psychologues scolaires ne sont pas suffisamment bien formés aux troubles du développement cognitif, affirment cinq associations protestant contre le congrès AFPEN prévu à Nice en septembre prochain.
En septembre prochain aura lieu, à Nice, le congrès de l’Association française des psychologues scolaires (AFPEN) sur la situation des enfants porteurs de troubles cognitifs. Et déjà une remise en cause, la participation de psychanalystes, non pertinente selon la Haute autorité de santé.

Le Collectif Egalited, Autisme France, Hyper Supers TDAH France, l’Unapei et la Fédération française des Dys ; elles sont cinq associations à protester contre le programme du congrès AFPEN de septembre 2013. En ligne de mire, la psychanalyse, et en cause, quatre points :

Tout d’abord, « nous constatons que la parole est surtout donnée à des intervenants issus du champ de la psychanalyse, […] or dans le domaine des troubles du développement et en particulier de l’autisme, la non pertinence (des psychanalystes) a depuis longtemps été établie au regard des preuves scientifiques disponibles, récemment encore par la Haute autorité de santé dans ses recommandations de prise en charge », a déclaré l’ensemble des associations dans une lettre ouverte adressée à l’AFPEN. Leur reproche : pourquoi faire intervenir des psychologues et psychanalystes au lieu de personnes directement concernées et plus à même de traiter du sujet, comme des spécialistes du développement et de la psychopathologie de l’enfant, issus de la neuropsychologie et du champ cognitif comportemental. Un reproche qui est également justifié par l’affirmation du caractère central de l’approche comportementale et développementale par Marie-Arlette Carlotti, lors de sa conférence de presse sur le 3e plan autisme présenté le 2 mai dernier.

Ensuite, autre reproche, qui suit logiquement le premier, l’absence au congrès de « spécialistes du développement et de la psychopathologie de l’enfant, issus de la neuropsychologie et du champ cognitif comportemental ». Ces spécialistes existent et sont présents sur le territoire français, et leur intervention  « aurait pu donner un éclairage différent de ces problématiques », poursuit le groupe d’associations. Un éclairage plus prompt et plus pertinent qui pourrait apporter plus de solutions aux problèmes de l'accueil des enfants en situation de handicap mental à l’école.

Troisième reproche, et non des moindres, la formation des psychologues de l’Education nationale. Selon les cinq associations, « les connaissances et pratiques en psychologie ont beaucoup progressé depuis des décennies ». Elles témoignent : « les familles membres de nos associations nous témoignent des difficultés rencontrées avec des psychologues scolaires, dont les connaissances dans le domaine des troubles du développement sont lacunaires, voire obsolètes ». En cause donc, une formation insuffisante des psychologues de l’Education nationale, et une absence de mise à jour des connaissances sur ce point. Avec une conséquence directe : les psychologues scolaires, dans la pratique, ne peuvent déceler ces troubles.

Dernier reproche, la non prise en considération du corps enseignant ou des associations de familles concernées. Un reproche lourd en conséquences, puisque leur expérience peut être bénéfique et précieuse pour aider les psychologues scolaires à déceler ce type de troubles. Selon le programme du congrès, la parole n’est pas donnée aux familles. Et les associations s'interrogent : si les familles ne sont pas présentes, « comment espérer des progrès et des avancées avec une telle démarche ? ».


Après les reproches, les revendications


A cela s’ajoutent donc trois revendications :

- Protester contre le contenu du programme de ce colloque, qui n’est pas conforme aux avancées scientifiques dans le domaine des troubles qui touchent les enfants. En scrutant de plus près le programme du congrès, un constat s’impose : les recommandations de la Haute autorité de aanté et le 3e plan autisme présenté par la ministre déléguée aux personnes handicapés n’ont pas été pris en considération.

- Demander que le programme du colloque soit aménagé, pour donner plus de place aux connaissances scientifiques à jour ainsi qu’aux associations, afin qu’un point de vue plus conforme aux besoins réels des enfants puisse être développé. L’exclusivité laissée aux psychanalystes n’est pas vecteur d’une avancée dans la prise en charge des enfants atteints de troubles mentaux à l’école, du fait de la non-pertinence de leur travail dans ce domaine, établie par la Haute autorité de santé. Les associations concernées et les familles sont tout aussi compétentes, voire plus, pour parler de ce sujet.

- Que les associations soient associées à la préparation du prochain colloque, afin de centrer le programme sur les réponses concrètes à apporter aux difficultés des enfants en situation de handicap mental, sur la base des connaissances validées les plus à jour. La présence des associations est primordiale, car présentes à chaque instant dans la vie des jeunes handicapés.

Reste aux organisateurs du congrès à voir si les reproches et les revendications de ces cinq associations sont compatibles avec leur vision des choses.