Autisme Livre
Josef Schovanec : "En France, seulement 20% des enfants autistes sont scolarisés."

La révélation de son syndrome d’Asperger, à l’âge de 22 ans, n’a pas freiné le parcours de Josef Schovanec, un voyageur passionné des civilisations anciennes. Polyglotte, diplômé de Science Po Paris et docteur en philosophie, il travaille aujourd’hui à la Mairie de Paris dans un poste créé spécialement pour lui.
Les difficultés ont pourtant jalonné son parcours, depuis l’enfance. Ecolier, il subissait déjà des humiliations et passages à tabac récurrents de la part de ses camarades, pendant les récréations. Une pratique hélas « courante » à l’égard des enfants autistes, comme il le signalait à Vincent Lochman, le mercredi 5 décembre, dans l’émission « L’invité de la Rédaction ».
Un faible taux de scolarisation des enfants autistes
Cette maltraitance s’ajoute à l’exclusion du système scolaire dont sont déjà victimes de nombreux enfants autistes. Malgré les réformes législatives, « seulement 20% d’enfants autistes sont scolarisés », alors qu’en Suède ou aux Etats-Unis, le taux atteint 80%. Ce rejet s’explique par l’absence de maturité sociale de ces enfants, « incapables de jouer au cerceau et de nouer leurs lacets », alors qu’ils sont parfois « capables de réaliser de grands calculs mathématiques ». Mais, en France, explique Josef Schovanec, « on a beaucoup de mal à prendre en compte ces profils particuliers » à tel point, que « cela conduit souvent à l’exclusion de l’école ».
La situation, selon Joseph Schovanec, ne serait guère meilleure à l’âge adulte : « Les adultes sont en effet capables d’actions plus vicieuses et tout aussi dures, par des paroles méchantes et des moqueries quotidiennes ».
Une méconnaissance de la part de la médecine
Les médecins ne l’ont pas beaucoup plus aidé. Pré-diagnostiqué schizophrène, Josef Schovanec fut placé sous camisole chimique pendant des années, avec des prises de neuroleptiques injustifiées, puisque son état ne le nécessitait pas. Ces traitements psychiatriques étaient prescrits par des médecins qui « ne connaissaient pas l’autisme » et qui, de fait, poursuit-il, « m' attribuaient des pathologies qui n'étaient pas la mienne mais qu’ils connaissaient ». Sa situation n’était pas isolée, certaines des personnes autistes qu’il connaît « ont passé la moitié de leur vie dans des lieux psychiatriques infectes ».
Cette méconnaissance du syndrome d'Asperger existerait toujours. Le cursus de formation des médecins et des psychiatres ne consacre qu'une heure à l’étude de l’autisme. « Alors, comment voulez-vous que ces gens qui ne sont pas formés puissent avoir une conception correcte de l’autisme », explique Josef Schovanec.
Un témoignage porteur d'espoir
Le témoignage de Josef Schovanec est toutefois porteur d’espoir pour les personnes autistes souffrant de problèmes d’intégration. Malgré les difficultés rencontrées, il travaille aujourd’hui à la Mairie de Paris, dans un « poste créé quasiment sur mesure pour moi ». Il dispose d’un bureau individuel et d’un cadre de travail calme, proposé par « un patron qui sait comment travailler avec moi». Les prises de contact se font principalement par mail. Ce qui est beaucoup moins stressant que la gestion des appels téléphoniques.
Ses progrès en matière relationnelle sont pourtant indiscutables. Aller sur des plateaux radio-télé et fréquenter depuis plusieurs années le monde associatif lui ont permis de gagner en assurance. Ce qui tranche avec les années passées, durant lesquelles « sortir était extraordinairement stressant », se souvient-il.
Josef Schovanec milite pour que cet apprentissage, dont il a bénéficié à titre exceptionnel, puisse se généraliser aux personnes autistes. Afin de régler un problème « trop peu évoqué dans les médias : l’exclusion et les difficultés sociales et professionnelles subies en France par cette population de près d’un demi million de personnes ».