Antoine Perrin, Directeur général de la FEHAP.

Lors de sa campagne électorale, Emmanuel Macron a fait de la prévention un axe majeur de sa politique de santé. Investir aujourd’hui pour la santé afin de devoir payer demain les dégâts causés par des retards de dépistage, des sur-handicaps, ou des diagnostics trop tardifs. C'est l'esprit de cette vision pour la santé. Mais, alors que les caisses de l’état sont vides et que le déficit de l’assurance maladie ne cesse de se creuser, comment trouver des ressources pour la prévention? Certes, il est logique de devoir dépenser un euro aujourd’hui en prévention plutôt que de devoir en dépenser dix demain en curatif. Mais même cet unique euro manque aujourd’hui pour financer la prévention….

Dès 2016, dans sa plateforme pour le quinquennat, la Fehap (organisation professionnelle du sectuer de la santé et du social) avait fait de cette dimension préventive un des axes de ses revendications.

"Le système de santé français est très développé dans ses aspects curatifs, pas assez dans ses aspects de prévention. Il faut pourtant privilégier une définition large de la santé et de ses déterminants, comme celle contenue dans le préambule de la Constitution du 22 juillet 1946. Des incitations financières doivent être clairement mises en place pour les professionnels et les établissements afin de développer les activités de prévention, au-delà des centres existants pour le « bien vieillir ». Il serait intéressant que l’Assurance Maladie labellise des centres de prévention financés par le biais d’enveloppes spécifiques consacrées au développement de la prévention. Ces centres de prévention pourraient être adossés à plusieurs types de structures et portés par différents opérateurs. Ils offriraient de l’information, avec des professionnels spécifiquement formés, et seraient un lieu de consultation régulière pour des professionnels libéraux spécialisés. L’objectif serait aussi de donner plus de lisibilité aux initiatives de prévention qui se sont multipliées ces dernières années. Dans le même esprit, une consultation globale périodique gratuite de prévention devrait être instaurée pour tous les Français, quel que soit leur âge, afin de faire le point sur l’existant et sur leurs besoins à couvrir."

Revaloriser les structures existantes dans le domaine de la prévention

"Cette consultation spécifique pourrait avoir lieu chez le médecin traitant, dans un centre de prévention, dans le cadre de la médecine du travail, de la médecine scolaire, etc. Enfin, certaines structures qui jouent un rôle important en matière de prévention devraient être revalorisées, comme la Protection Maternelle et Infantile (PMI), la santé scolaire, la santé au travail, mais aussi la prévention en psychiatrie et notamment la pédopsychiatrie avec les Centres Médico-Psychologiques (CMP), les Centres Médico Psycho-Pédagogiques (CMPP) et, dès le plus jeune âge, les Centres d’Action Médico-Sociale Précoce (CAMSP). La prévention pourrait notamment être financée par les économies réalisées à long terme sur la détection et la prise en charge précoces de certaines pathologies."