Simone Veil

Simone Veil, une femme politique engagée sur le handicap

Simone Veil est morte ce vendredi 30 juin. Si elle est surtout connue pour avoir présidé le Parlemetn Européen et dépénalisé l’avortement en 1975, elle est aussi à l’origine d’une loi sur l’intégration des personnes handicapées la même année et pour une circulaire qui définit l'autisme.

Née en 1927 à Nice, Simone Veil a occupé de nombreux postes prestigieux : ministre de la Santé, première présidente du Parlement européen, membre du Conseil constitutionnel, académicienne… Sa vie n’a pourtant pas été simple : en 1944, alors âgé de 16 ans, elle est déportée à Auschwitz, où elle échappe de peu à l’extermination. Elle subit les travaux forcés jusqu’à la libération de son camp par les forces britanniques l’année suivante. Cette expérience la marque profondément, d’autant plus qu’elle perd à cette période son frère et ses parents. Elle en tirera des valeurs d’altruisme et de solidarité.

Par la suite, elle mène des études de droit, où elle rencontre celui qui deviendra son mari, Antoine Veil. Puis elle devient magistrate et, entrant peu à peu en politique, devient ministre de la Santé en 1974. C’est là qu’elle devient célèbre pour avoir porté le projet de loi sur la dépénalisation de l’avortement. Mais sa carrière ne se résume pas à cela : elle est aussi engagée sur la loi du 30 juin 1975, qui devient le texte de référence sur la politique publique du handicap. Ce nouveau texte vient remplacer l’ancienne politique d’assistanat jugée insuffisante et va vers une intégration plus active des personnes handicapées dans la société.

Cette loi définit trois axes fondamentaux pour les personnes en handicap : le droit au travail, le droit à une garantie minimum de ressources, et le droit à l’intégration sociale. Déjà à l’époque sont évoqués la nécessité de rendre les bâtiments accessibles à tous, l’importance de la prévention et du dépistage du handicap, le droit d’étudier… Des commissions spéciales d’orientation (COTOREP) sont mises en place au niveau des départements pour prendre en compte le handicap des adultes. La loi organise l’intégration dans l’emploi en mettant en place des ateliers protégés et des centres d’aide par le travail pour ceux qui ne peuvent travailler en entreprise ordinaire. Enfin, elle garantit un niveau minimum de ressources grâce à un système d’allocations et d’aides sociales. Toutefois, même si elle représentait un progrès à l’époque, elle n’a toujours été respectée dans les faits.

Une circulaire fondatrice sur l'autisme

En 1995, alors qu’elle est ministre des Affaires sociales, elle échange de nombreuses lettres avec Autisme France qui lui demande de mener des enquêtes et de publier un rapport sur l’autisme. Elle accepte. « En matière d’autisme, tout est largement à construire » déclare-t-elle à l’Assemblée nationale. Un projet de circulaire passe alors, dont certaines lacunes sont comblées par Autisme France. L’autisme est alors reconnu officiellement comme un handicap. Un plan d’action régional sur cinq ans est élaboré pour « mettre en œuvre un réseau de prises en charge adapté en faveur des enfants, adolescents et adultes concernés ». A cause de problèmes de financement et de l’opposition de certains lobbies, il a surtout permis de mettre l’autisme sur le devant de la scène et de faire valoir les droits des personnes autistes.

C'est naturellement à cette femme sensible à l'humain qu'Anne Voileau pense lorsqu'elle fonde le magazine Etre Handicap, le thème du handicap, en 1992. Douze ans plus tard, Simone Veil parraine Vivre FM, la seule radio dédiée à cette thématique et dont elle a pris régulièrement des nouvelles.

Danielle Langloys, présidente d'Autisme France, parle d'"une grande dame de l'autisme".