Agefiph

Bilan 2016 : l'Agefiph doit revoir son modèle de financement

L’emploi des personnes handicapées est en légère amélioration cette année. Mais l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph) doit revoir rapidement son modèle de financement, car ses recettes sont amenées à diminuer fortement dans les années à venir.

938 000 personnes en situation de handicap seraient employées, sur 2,7 millions de travailleurs reconnus handicapées âgées de 15 à 64 ans selon l’enquête emploi 2015. Mais le taux de chômage chez les personnes handicapées reste très élevé. Il est à 19 %, soit le double de la moyenne nationale.

Créée il y a 30 ans, l’Agefiph (l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées) a pour mission de favoriser et de maintenir l’emploi des travailleurs en situation de handicap. La présidente de l’Agefiph, Anne Baltazar, défend un bilan positif sur l’année 2016. « L’emploi des personnes handicapées est en progression dans les entreprises. Petite progression de l’ordre de 0,1 % par an, on est en train de consolider ce qu’on a ».

Mais l’insertion professionnelle n’est pas la seule mission de l’association, le maintien dans l’emploi est également très important. C’est environ 88 000 personnes qui ont accédé ou conservé un emploi grâce à l’aide de l’Agefiph au cours des douze derniers mois.  

La création d’entreprise est également encouragée. Celle-ci opère une légère baisse de 2 % en 2016 par rapport à l’année précédente avec la création de 3 322 sociétés par des personnes en situation de handicap.

Une volonté de continuer cette mission d’intérêt public

Parmi les personnes handicapées recrutées dans le secteur privé en 2016, 22 % d’entre eux ont obtenu un CDI. 50 % ont été embauchées dans une entreprise de moins de 20 salariés, ce qui est une satisfaction pour l’Agefiph car ces entreprises n’ont aucune obligation d’embaucher une personne handicapée.

Mais, alors que les plus de 50 ans sont nombreux, ils ne représentent que 34 % des personnes en situation de handicap recrutées. Un chiffre encore trop bas selon la direction de l‘association. Même si l’emploi observe une légère hausse régulière depuis quelques années, Anne Baltazar reconnait que l’emploi des personnes handicapées pourrait diminuer les années prochaines si rien n’est fait pour relancer cette dynamique. « Il faut vraiment revoir les choses parce que l’on se heurte vraiment à la fin de l’effet dynamisant de la loi de 2005, et il faudra vraiment que l’on repositionne les choses pour pouvoir continuer à améliorer le taux d’emploi et la politique d’emploi des entreprises en faveur des personnes handicapées ».

Une refonte urgente du modèle de financement de l’Agefiph

Mais cette mission ne pourra continuer que si le modèle de financement de l’Agefiph est revu. Avec l’augmentation du nombre de personnes handicapées en situation d’emploi, l’association reçoit d’année en année de moins en moins de contributions de la part des entreprises qui reversent de l’argent si elles n’atteignent pas le taux de 6 % de leur effectif en situation de handicap. Pour rappel, la loi de 1987 oblige les entreprises privées de plus de 20 salariés et plus de compter au moins 6 % de personnes handicapées dans leur effectif. De plus en plus d’entreprises atteignant ce taux, il y en a de moins en moins qui reversent de l’argent à l’association. Un problème pour la survie de l’Agefiph comme le souligne sa présidente : « On est vraiment dans l’effet ciseaux entre les recettes de l’Agefiph qui baissent et des demandes qui augmentent. Et 2017 est la dernière année où l’Agefiph a encore de quoi mobiliser des actions en dehors de ce quelle reçoit comme recettes, mais en 2018 ce sera terminé. On sera en fonctionnement minimal, c'est-à-dire que l’on n'aura plus de réserves. On ne pourra plus financer au-delà de nos recettes. On va devoir baisser l’action de l’Agefiph si rien n’est fait. »

Une enquête des pouvoirs publics est actuellement menée pour proposer des alternatives au mode de financement de l’Agefiph. Les premiers résultats seront publiés en septembre prochain.