Route du Rhum

Damien Seguin: surpasser le handicap par la voile

Damien Seguin à la barre de son 40 pieds « ERDF – Des Pieds et des Mains ». (F.TANNEAU/AFP).
Damien Seguin à la barre de son 40 pieds « ERDF – Des Pieds et des Mains ». (F.TANNEAU/AFP).
Triple champion du monde, double champion paralympique : Damien Seguin détonne. Né sans main gauche, il a appris à vivre avec son handicap. Dimanche, il prendra le départ de la Route du Rhum pour la seconde fois.

Damien Seguin ne se refuse rien. Même s'il est né sans main gauche, personne ne l'empêche de poursuivre sa passion du sport. A 36 ans, il est l'unique représentant des personnes handicapées à participer à la mythique Route du Rhum. Une course au large en solitaire qui traverse l'Atlantique : de Saint Malo à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe.


Un marin comme les autres


Damien Seguin a à peine dix ans quand il voit débarquer les premiers bateaux de la quatrième édition de la Route du Rhum. De cet événement naîtra le fil conducteur de sa vie. Il débute alors la voile et d'année en année il se fait une place parmi les "grands". En 2002, c'est la révélation. Il découvre la voile paralympique, deux ans et une très bonne préparation pus tard, Damien Seguin s'offre l'or aux Jeux d'Athènes.


Mais alors comment se prépare-t-il ? Le bateau est-il adapté à son handicap ? Comment se passe la compétition avec les valides ? depuis ses débuts en voile, Damien  n'a jamais souhaité utiliser un bateau spécial, bien au contraire, il est fier de prouver qu'il peux naviguer sur un bateau "normal" comme ses camarades :  "Je ne veux pas qu'on me taxe de privilégié donc je m'adapte en assurant les manoeuvres différemment" confie-t-il au micro de Vivre FM.


Une réponse aux commentaires sceptiques de certains organisateurs qui lui interdisent le départ de la solitaire du Figaro en 2005 pour des raisons de sécurité. Un an après, Damien optenait gain de cause et  termine alors 32e de la solitaire.


Cette affaire aura permis de faire évoluer la législation. Désormais, l'autorisation de prendre le départ d'une course n'est plus uniquement à la discrétion de l'organisateur, tous les skippers doivent passer des tests  de survie. Une étape cruciale qui permet à Damien de prouver qu'il est avant tout un sportif de haut niveau : "Ain si on comprend mieux pourquoi, moi “invalide”, j'arrive à monter sur une échelle de corde quand un “valide” ne pourra pas. Tout est question de préparation. C'est une fierté d'avoir laissé la porte ouverte derrière moi. »


La Route du Rhum, une préparation méticuleuse


Fort d'une première participation à cette mythique transatlantique il y a quatre ans, Damien termine les derniers préparatifs avant le grand départ dimanche pour 7000 kilomètres de route : "J'espère que d'autres personnes handicapées me rejoindront. J'ai envie de prouver qu'avec un handicap on peut faire bien, voire mieux". Toujours accompagné de son ami Yoann Richome qui le conseille avant le jour J, il s'emploie à vérifier la météorologie quotidiennement.


Avec ses deux titres paralympique et sa dixième place en 2010, il reste anxieux en vue de ces 17 jours de mer en solitaire. "Ca me porte vers le haut, mais j'ai aussi plus de stress, je fais vraiment du haut niveau". Yoann Richomme ne s'inquiète pas trop de la situation : "je le connais et je sais qu'à chaque départ de course il ne se laisse pas envahir par le stress. Il reste cool".


En 2010, Damien avait pris le départ de la Route du Rhum tel un "gamin" heureux de réaliser son rêve de gosse avec un bateau pas totalement optimisé. Cette année le skipper compte bien aller chatouiller les "grands noms" de la voile et pourquoi pas entrer dans le top 10... 


Damien Seguin était l'invité de Vincent Lochmann, retrouvez son interview dans le podcast de l'émission : http://vivrefm.com/podcasts/fiche/8674/damien-seguin-traverse-l-atlantique-en-solitaire