Autisme

Le philosophe et autiste Josef Schovanec missionné par le gouvernement sur le travail des autistes

Le gouvernement veut favoriser l’emploi des personnes autistes et vient pour cela de confié une mission à Josef Schovanec le 19 mai 2016, lors de la Conférence nationale du handicap (CNH). Le philosophe est lui-même autiste et connaît bien les questions liées à l’emploi.

« On est dans une situation des années 50 ou 60 », martèle le jeune philosophe né en 1981, qui vient d’être mandaté par le gouvernement pour une mission liée à l’autisme et au travail. « Dans un état où l’ignorance médiévale, moyenâgeuse, règne, les choses sont très compliquées », avance-t-il. « On se bat contre des décennies d’ignorance crasse accumulée. Et cela vaut pour presque tous les handicaps invisibles. C’est valable pour tout l’univers des dys et tout l’univers de la schizophrénie qui visiblement n’est pas du tout à la mode aujourd’hui ».

Josef Schovanec estime qu’on ne peut qu’améliorer l’emploi des personnes autistes aujourd’hui. Il juge être une bonne chose que le gouvernement veuille inscrire la question de l’autisme dans la société. Si l’autisme a longtemps été considéré du point de vue des enfants rien ou presque n’a été fait pour les adultes et l’emploi.

« On ne peut que faire mieux car on part d’une situation catastrophique, mais ce qui est motivant, c’est qu’il y a petit à petit une prise en compte de ce sujet-là », concède-t-il. « Il était impensable qu’il y a cinq ou dix ans, le gouvernement s’intéresse à la question de l’emploi du genre autiste. » Or aujourd’hui, Josef Schovanec est missionné par le gouvernement pour un rapport dans lequel il va étudier des bonnes pratiques ou en imaginer d’autres. C’est la preuve de « l’engagement fort de Ségolène Neuville », secrétaire d’État aux personnes handicapées.

Entretien d’embauche sans succès

Josef Schovanec défend les compétences et le talent des personnes autistes, comme celui des administrateurs de Wikipédia, qui vivent bien souvent dans la misère ou au RSA en France, n’étant pas rémunérés, mais qui ont de réelles passions. Lui, qui est chroniqueur sur Europe 1 considère qu’il est une exception alors qu’il s’estimait avoir été « dans les poubelles de la société », bien incapable de réussir un entretien d’embauche, pour un emploi ou un stage non rémunéré. « Je suis le petit chanceux du club », déclare-t-il . « 99 % de mes amis autistes n’ont pas cette chance-là ». Pour avoir une telle « chance », celui qui est atteint du syndrome d’Asperger a toujours trouvé quelqu’un « pour le faire sortir d’une situation qui, sinon, n’aurait pas eu d’issue ». « L’entretien d’embauche vous évalue sur ce qui n’a rien à voir avec l’emploi en question et sur des apparences qui ne sont pas le meilleurs critères de sélection pour des personnes autistes », déplore Josef Schovanec. Et pour peu que l’entretien d’embauche soit réussi, reste la barrière de la visite médicale : « si le médecin du travail apprend que vous êtes autiste, vous êtes éliminé », tance le philosophe. La raison ? « Beaucoup de médecins du travail pensent que l’autisme est une maladie contagieuse, soit un état où la personne entre en crise toutes les cinq minutes et casse tout ». Les mentalités n’ont pas encore totalement évolué, regrette le philosophe.

Des lieux d’espérance pour les autistes

Mais des lieux d’espoir existent. Josef Schovanec veut s’inspirer des expériences marquantes en matière d’emploi des personnes autistes. Ainsi à Grenoble, le restaurant Atypik emploie prioritairement des personnes autistes, de même en Bretagne avec le parc animalier de Pont-Scorff situé à côté de Lorient. Josef Schovanec souhaite aussi étudier les dispositifs d’accompagnement comme les actions de « Pass P’as » en région lilloise ou Handisup en Normandie. Des expériences positives qui émailleront le rapport de mission du jeune philosophe sur l'insertion professionnelle des adultes autistes.

Voyages en Autistan de Josef Schovanec, 2016, Plon, 252 pages, 14,90 euros.