Logement

Mal-logement et problèmes de santé vont de pair

L'habitat et la santé interagissent, c'est la conclusion du 21ème rapport de la Fondation Abbé Pierre sur l'état du mal-logement en France. Des solutions pluridisciplinaires existent.

Entasser jusqu'à la saturation

Il s'appelle Monsieur E. Il est en situation d'incurie dans l'habitat, un trouble qui le pousse à conserver des objets de toutes sortes dans son appartement, y compris les détritus. Il en est envahi. Les risques sanitaires sont nombreux du fait du volume d'entassement, de la présence de nuisibles et des odeurs qui émanent du logement. Les voisins se plaignent. Monsieur E. risque l'expulsion si aucune action n'était faite pour régler la situation. Monsieur E. se sent impuissant. Son état de santé se dégrade, tant physiquement que psychiquement au point qu'il faut l'hospitaliser.


Le mal-logement rend malade, …

Voici un exemple parmi tant d'autres cité dans le 21ème rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre "L'état du mal-logement en France". Selon les auteurs de cette étude, la santé influe sur le logement et le logement sur la santé. C'est un cercle vicieux. Dans quelque ordre qu'on le prenne, mal-logement voire non-logement- l'habitat précaire dans des garages, caves ou greniers- et santé interagissent. D'aucuns disent que "le mal logement rend malade" autant que "la maladie rend mal-logé".

D'un côté, le "mal- logement" au sens large  a des effets indéniables sur la santé des personnes. Celles-ci développent fréquemment des pathologies, respiratoires par exemple mais aussi des handicaps, des syndromes ou des troubles. Si elles étaient fragiles, en raison de l'âge, de la maladie ou du handicap, l'habitat de mauvaise qualité ou la pénurie énergétique va amplifier la détérioration de leur état de santé. L'habitat indigne, une des composantes du mal-logement est à l'origine de troubles de l'humeur pour 57% des ménages dans cette situation. Il est cause de dégradation de l'image de soi et de repli.


… la maladie rend mal-logé

D'un autre côté, la maladie ou le handicap peuvent aussi être source de mal-logement. Ils provoquent des discriminations dans l'accès au logement, trouver un habitat accessible et adapté à une personne qui souffre de handicap moteur n'est pas toujours évident. Le maintien dans les lieux suite à la survenue d'une maladie ou d'un handicap peut également nécessiter une adaptation du logement, pas forcément envisageable pour des raisons financières.

Des programmes aux résultats encourageants

Des initiatives ont été prises pour casser ce cercle vicieux. Toit et Joie, un bailleur social, en partenariat avec l'association Aurore a expérimenté le principe d'une équipe mobile qui va au devant des locataires en souffrance psychique. Parallèlement, l'opération "un chez soi d'abord" se met en place. Toit et Joie en est également partie prenante.

Il s'agit dans le premier cas de repérer les premiers symptômes de situations critiques tels que troubles du voisinage récurrents, dégradations, repli et isolement dans le logement pour qu'ensuite une équipe de psychologues puissent prendre en charge ces personnes qui "échappent aux mailles de l'intervention sociale".

Dans le second, il est question d'une politique d'accompagnement conséquent de ménages en itinérance souffrant de troubles psychiques sévères par une équipe médico-sociale: six jours sur sept, 12 heures par jour et jusqu'à deux rencontres par jour, ce sont les modalités de cette assistance.

Ces deux programmes ont donné des résultats prometteurs et ont été suivis par d'autres bailleurs en Ile de France et dans d'autres villes. Ils sont au cœur de la philosophie "ALLER VERS", ils mettent la personne et ses besoins au centre, pas le malade. La démarche "aller vers" illustre la recherche pluridisciplinaires de solutions qui fonctionnent.