Suisse

Un nouveau test pour détecter la trisomie effraie

Le nouveau test Praenatest permet de savoir avant la naissance si l'enfant est atteint de trisomie
Le nouveau test Praenatest permet de savoir avant la naissance si l'enfant est atteint de trisomie
Le très controversé test prénatal de la trisomie 21, une maladie génétique mentalement handicapante, sera commercialisé en Suisse dès la mi-août. Mais avant même son arrivée sur le marché, le Praenatest soulève une vive polémique car les organisations de défense des personnes handicapés craignent une augmentation des avortements.

S elon son fabricant, ce test prénatal peut être réalisé sur la mère, de manière non invasive, grâce à une simple prise de sang dès la dixième semaine de grossesse. La société affirme qu’il permet «d’exclure ou de confirmer à 98% une trisomie 21». L’association faîtière des caisses maladie Santé Suisse et la Société suisse de gynécologie ont recommandé son remboursement par l’assurance de base «si son efficacité est prouvée».

Les assurances font pressions

Les assureurs, dans un pays où ils possèdent une très grande influence, chercheraient à ne plus rembourser ce handicap, « en refusant dorénavant de prendre en charge les coûts des soins des trisomiques à venir », selon la députée suisse Catherine Roulet, également coprésidente de l’Association des proches de personnes handicapées mentales.


«Si la possibilité d’éradiquer la trisomie 21 existe vraiment, on ne peut pas non plus exclure, qu’à l’avenir, les parents ayant laissé un enfant trisomique venir au monde soient montrés du doigt » ajoute- t-elle. Une possibilité qui effraie également Judit Pók, médecin-chef à la maternité de l’Hôpital universitaire de Zurich. «Actuellement, les trisomiques et leurs parents sont bien tolérés en Suisse, signale-t-elle. Mais si la société venait à penser qu’il est possible d’éviter d’avoir un enfant souffrant de ce handicap, qui sait quel comportement elle adoptera en voyant des parents refuser d’avorter. »

Décider, en connaissance de cause

Les deux femmes pensent néanmoins que l’avortement n’est pas à bannir au cas où un enfant handicapé est annoncé. «Le droit de savoir ce qui attend les parents n’est pas à remettre en cause, estime Mme Roulet. Personnellement, j’ai une fille handicapée, et quand l’une de mes autres filles m’a demandé si j’aurais procédé à une IVG au cas où sa malformation génétique aurait pu être diagnostiquée, j’ai été incapable de lui répondre. »


Danielle Martinet, responsable du laboratoire de génétique du CHUV, à Lausanne, rappelle que, selon la loi, les futures mères sont obligéees de recevoir un conseil génétique avant de recourir à un dépistage, effectué obligatoirement par un médecin. « De cette manière, elles peuvent se décider en connaissance de cause.» Le risque de trisomie 21 augmente en fonction de l’âge des parents. En Suisse, on dénombre un cas pour 1383 grossesses chez les femmes de 25 ans, mais la proportion passe à un cas sur 32 chez les femmes de 45 ans.