Discrimination OM

Des supporters handicapés de l'OM se sentent discriminés

Le Stade Vélodrome ne serait plus adapté pour accueillir les personnes handicapées, à l'issue de ses travaux d'agrandissement
Le Stade Vélodrome ne serait plus adapté pour accueillir les personnes handicapées, à l'issue de ses travaux d'agrandissement
L'association Handifan Club OM ne décolère pas depuis la présentation des plans du nouveau Stade Vélodrome. La nouvelle structure serait inadaptée pour l'accueil du public handicapé.

U n vent de colère souffle actuellement dans les rangs de l'association Handifan Club OM, qui regroupe des supporters handicapés du club phocéen. Son président, René Poutet, se dit même "dégoûté" et "écoeuré" à l'évocation de la future configuration du Stade Vélodrome. Selon lui, à l'issue des travaux d'agrandissement du stade accueillant l'Olympique de Marseille (au début de l'année 2013), le public handicapé ne sera plus accueilli dans des conditions correctes.

La situation antérieure était pourtant très satisfaisante aux yeux de cette association. L'espace qui était réservé aux supporters handicapés lui semblait "sécurisé et équipé". Ce qui expliquait en partie le succès qu'elle rencontrait. Il y a deux saisons encore, l'association de supporters handicapés était la plus grande d'Europe, avec 530 membres. Malgré les retards de la ville de Marseille dans l'installation d'équipements d'accessibilité.

L'association déplore déjà une chute du nombre de ses membres (moins 320 personnes) depuis le commencement des travaux d'agrandissement, qui "ne réservent aucune place, ni pour les personnes en fauteuil roulant, ni pour les marchants". Et elle craint même la disparition pure et simple des personnes handicapées dans le stade "d'ici à 2016".

 

Plusieurs motifs de colère

D'après les plans du nouveau stade, les supporters handicapés pourraient être dispersés au cinquième étage dans huit endroits différents. Une séparation du groupe entre personnes en fauteuil et supporters marchants serait donc inéluctable selon Robert Congiusto, le deuxième vice-président de l'association. Ce qui réduirait le poids de cette structure.

En outre, les conditions d'accueil seraient à la fois indignes et dangereuses. René Poutet explique ainsi que les handicapés seraient installés dans des passages où 5 000 valides circulent. De plus sans mise à disposition de toilettes équipées. Des ascenseurs permettront à ce public d'accéder à ce cinquième étage, mais monsieur Congiusto indique qu' "ils sont trop petits pour accueillir autant de personnes présentant un handicap physique. D'ailleurs, l'association des paralysés de France a constaté la potentielle dangerosité de cet emplacement".

Les sociétés responsables des travaux, Bouygues et Arema, préfèrent éviter le sujet. Bien qu'elles soient pointées du doigt par les représentants de Handifan Club OM, qui les accusent de ne pas prendre en compte "les revendications légitimes des supporters" pour des raisons de coût. Les dépenses supplémentaires générées par les travaux d'accessibilité sembleraient importantes au regard du prix de l'abonnement payé par les membres de l'association. Ainsi, grâce à cette dernière, les abonnés payent 150 euros par an contre 1 500 pour les spectateurs valides.

Les négociations sont dans l'impasse

La mairie a tendance à renvoyer ses interlocuteurs vers l'Olympique de Marseille. Mais le club n'est pas propriétaire du Stade. Si bien qu'il décline toute responsabilité dans cette situation. Maurice Di Nocera, conseiller municipal en charge des Grands équipements, prétend que la mairie joue un rôle actif dans la recherche d'une solution. Plus précisément, dans cette affaire "la Ville joue le rôle de coordinateur avec Arema et l'OM", dont elle a déjà reçu les représentants en présence du président de Handifan Club OM. Les garanties données auraient même conduit ce dernier à donner son accord, selon Monsieur Di Nocera. Mais le responsable de Handifan aurait ensuite changé d'avis...

Le conseiller municipal est d'autant plus surpris que "le Stade Vélodrome est aux normes". Il regrette même une certaine forme de ségrégation induite par la volonté de l'association de regrouper tous ses adhérents dans un même secteur, "alors que de nombreuses places ont été sécurisées en plusieurs endroits".

La détermination de Handifan Club OM semble forte, car celle-ci menace d'effectuer d'ici deux mois des actions pour se faire entendre si rien ne bouge. Un rassemblement sous un soleil de plomb s'est déjà tenu hier après-midi aux abords du Stade Vélodrome. Mais, "si le sénateur-maire ne répond pas, alors on bloquera Marseille", annonce René Poutet.