Littérature

Marcel Nuss, têtard à tuba et séducteur invétéré

Marcel Nuss
Marcel Nuss
Il se définit comme un "têtard à tuba". Atteint d'une amyotrophie spinale qui l'invalide lourdement, Marcel Nuss publie son autobiographie, intitulée "En dépit du bon sens".

Dans son autobiographie, Marcel Nuss expose soixante années de douleurs, de maltraitances médicales et administratives. Il raconte son quotidien d’enfant, ses turpitudes de jeune homme et d’adulte confronté à la menace d’une mort douloureuse en cas de défaillance du matériel qui lui permet de respirer.  Il met aussi des mots sur ses errances affectives, sur les joies qu’il a pu connaître avec les femmes qui l’ont aimé, sur ses souffrances quand elles ont cessé de le faire. Il dit la difficulté́ d’être père et néanmoins la richesse que la paternité́ lui a accordée. Il confie aussi la joie d’un nouvel amour qu’il s’apprête à célébrer par un mariage et un nouveau projet d’enfant.

 

Invité de Vivre FM mercredi, Marcel Nuss explique pourquoi il se définit comme un tétârd à tuba. "Je suis sous respirateur artificiel, depuis 40 ans, donc on a l'impression que j'ai constamment un tuba", décrit-il. "Et comme je ne bouge pas, la première image qui m'est venue à l'esprit est celle du têtard."

 

Marcel Nuss ne manque donc pas d'humour. Pourtant, l'écrivain vit sous la menace constante d'une mort par étouffement. Au micro de Vivre FM, il explique ce paradoxe. "L'avantage quand on vit avec la mort, c'est qu'on sait apprécier la vie. Être sur la terrasse de ma maison, au soleil, en train d'écouter un livre ou de parler avec des amis, c'est génial. Dans des moments comme ça, je dis vive la vie."

 

Marcel Nuss parle aussi de l'importance de l'écriture dans sa vie : "Quand j'avais 20 ans, j'écrivains des poèmes. Sans eux, j'aurais pété les plombs." Pour lui, l'écriture est donc un moyen de se libérer, mais aussi une façon de se "normaliser". "Quelqu'un qui me lit ne peut pas savoir dans quel état je suis", précise-t-il. "Quand on me lit, je suis à égalité avec les autres auteurs."

 

Cet autodidacte, qui a dû quitter l'école à 13 ans, a découvert la littérature grâce aux médecins et aux infirmiers du service de réanimation dans lequel il a passé cinq ans. "Ces gens ont ouvert mon horizon en me conseillant des livres", raconte-t-il. " J'ai lu des centaines de livres en 5 ans, et j'en ai conclu qu'il n'y a pas d'autonomie sans culture." Marcel Nuss déplore donc que les personnes handicapées ne soient pas suffisamment encouragées à se cultiver.

 

L'intégralité de l'interview de Marcel Nuss est disponible en podcast sur le site de Vivre FM :

http://www.vivrefm.com/podcasts/fiche/10221/en-depit-du-bon-sens