Sclérose Origine

Polémique au sujet de l'origine de la sclérose en plaques

Une controverse agite le milieu scientifique sur les causes de la sclérose en plaques. Une grande partie de la communauté médicale s'oppose depuis plusieurs mois à la théorie développée par le docteur Paolo Zamboni. Les conclusions d'une récente étude québécoise viennent de raviver la polémique.

Une nouvelle étude scientifique fragilise l’hypothèse établie par le docteur Paolo Zamboni, chirurgien vasculaire italien, au sujet de l’origine de la sclérose en plaques (SEP). Les conclusions présentées par une équipe de chercheurs du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS - Québec) mettent en doute l’influence d’une perturbation de la circulation sanguine, défendue par le chirurgien italien.


Selon le docteur Zamboni, un épaississement des veines du cou serait la cause de cette maladie. Le reflux du sang vers le cerveau provoqué par cet épaississement  provoquerait la création de dépôts ferreux, pouvant contribuer au déclenchement de la SEP. Le chirurgien s’appuie sur une augmentation de plus de 90 % de reflux du système veineux constatée chez ses patients malades, pour parvenir à cette conclusion.
La chirurgie proposée par le médecin italien consiste donc à dégager certaines artères, en les dilatant avec un cathéter ballon. Cette intervention, d’un coût d’environ 10 000 dollars, est pratiquée en Europe de l’Est et aux Etats-Unis.


Des résultats contestés par les chercheurs québécois


Les chercheurs du CHUS se sont intéressés à cette proportion importante de reflux, constatée chez les patients atteints, selon le docteur Zamboni. L’équipe du docteur Albert Lamontagne (le neurologue responsable de l’étude) a ainsi suivi de son côté 130 personnes entre l’automne 2010 et le printemps 2011. 65 avaient reçu un diagnostic de SEP, contrairement aux 65 autres qui se trouvaient en bonne santé. Toutes ont été soumises à une échographie veineuse destinée à vérifier l’existence d’un certain épaississement dans les veines du cou.


Les résultats obtenus diffèrent nettement de ceux présentés par le docteur Zamboni. Ainsi, d’après les premières données obtenues, les reflux apparaissent chez une proportion de malades comprise entre 20 et 30 %. Ainsi que chez la même proportion de personnes n’ayant pas la maladie.
Bien que des données restent encore à analyser, le docteur Lamontagne explique que « ça soutient ce qui a déjà été publié sur le sujet ailleurs ». Autrement dit, une nouvelle fois « la théorie italienne » se trouve fragilisée. Mais le responsable de cette étude canadienne se garde bien de prononcer des conclusions définitives.


Une prudence particulière de la part des chercheurs


Sa prudence se manifeste à plusieurs niveaux. D’abord vis-à-vis des patients ayant choisi de subir l’intervention proposée par le docteur Zamboni. Le docteur Lamontagne précise qu’il ne cherche pas à les influencer. « Nous allons continuer à leur dire ce qu’on leur dit depuis deux ans : que les résultats des études ne sont pas suffisamment probants pour prendre position ». En outre, il est reconnu que les résultats obtenus par la méthode contestée sont assez troublants. « Ca fonctionne pour certains, pour d’autres non. On ne sait pas pourquoi. On ne sait pas quoi en penser. Il y a tellement de questions sans réponse qu’on se doit de pousser plus loin les études ».


C’est pourquoi le CHUS s’apprête à réaliser des analyses plus élaborées pour chaque forme de SEP. Analyses qui s’ajouteront aux sept grandes études sur le sujet actuellement en cours, au Canada et aux Etats-Unis. Leurs résultats, basés sur le suivi de quelques 1 300 personnes, devraient être connus sous peu. Peut-être conduiront-ils à un changement de position de la communauté médicale qui, à l'heure actuelle, considère de manière consensuelle la SEP comme une maladie neurologique auto-immune ; la maladie proviendrait d'un dysfonctionnement du système immunitaire, qui pousserait ses substances de défense à s'attaquer sans raison à certains organes, comme s'il s'agissait de corps étrangers.