Lynchage Handicapé

Pakistan : lynchage d'un handicapé mental accusé d'avoir brûlé le Coran

Un pakistanais handicapé mental a été lynché le mercredi 4 juillet par une foule en furie dans une région ultraconservatrice du pays. Son crime : avoir brûlé des pages du Coran

Une foule de plus de 2000 personnes a battu à mort le 4 juillet un pakistanais d'une quarantaine d'années, Ghulam Abbas, souffrant d'un handicap mental. Cet homme avait été arrêté la veille à Bahawalpur, dans le centre du Pakistan, après avoir été accusé par plusieurs personnes d'avoir brûlé des pages du livre sacré de l'Islam (la religion d'Etat du pays).

L'annonce de ce blasphème avait provoqué le rassemblement de plus de 2000 personnes aux abords du commissariat dans lequel Ghulam Abbas était détenu. Après avoir encerclé le batiment, la foule avait demandé à la police de lui remettre l'accusé, ce qu'elle refusa de faire. Cette foule en colère avait alors envahi et saccagé les lieux, puis extirpé de sa cellule l'accusé. Un responsable de la police locale, Ghulam Mohiuddin, exlique qu' "après avoir également incendié plusieurs motos et véhicules garés dans l'enceinte du commissariat, la foule a battu à mort Ghulam Abbas avant de mettre le feu à sa dépouille".

Monsieur Mohiuddin précise que la victime était un handicapé mental qui "n'était même pas capable de savoir où il habitait". La sécurité de cet homme, présenté par des témoins comme un vagabond à la santé mentale défaillante, n'avait pu être assurée en raison d'un nombre insuffisant de policiers présents sur place.

Une région ultraconservatrice du Pakistan

Ce drame est survenu dans le sud de la région du Pendjab. Une région reculée et conservatrice servant de bastion à plusieurs partis religieux extrémistes et sectaires. La sévère répression du blasphème envers l'islam ou son prophète Mahomet, passible de la peine de mort selon la loi islamique du pays, s'applique donc tout particulièrement dans cette région centrale du Pakistan. Comme le démontre la condamnation à la peine capitale d'une pakistanaise, Asia Bibi, en novembre 2010.

Cette femme de confession chrétienne était accusée par des femmes musulmanes de son village, avec lesquelles elle s'était disputée, d'avoir insulté le prophète Mahomet. Dans l'attente de son procès, qui ne se tiendra pas avant deux ans, cette mère de cinq enfants reste incarcérée dans la prison du district de Sheikhupura (dans cette fameuse province du Pendjab). Ses conditions de détention seraient désastreuses selon Huguette Chomski Magnis, initiatrice d'une pétition de soutien au nom du Mouvement Pour la Paix et Contre le Terrorisme.

Madame Chomski Magnis dénonce également l'ambiguité du pouvoir pakistanais. Celui-ci a en effet ratifié en 2010 la Déclaration Universelle des droits de l'homme et le Pacte international sur les droits civils et politiques garantissant le droit de pratiquer sa religion et celui d'exprimer ses opinions sans être inquiété. Or, un tel engagement international "n'est pas compatible avec le maintien du délit de blasphème dans le corpus juridique pakistanais".