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Elsa Cayat, la psychanalyste de Charlie Hebdo est morte

Elsa Cayat fait partie des 12 personnes tuées au siège de Charlie hebdo le 7 janvier 2015. CP: capture d'écran Twitter.
Elsa Cayat fait partie des 12 personnes tuées au siège de Charlie hebdo le 7 janvier 2015. CP: capture d'écran Twitter.
Seule femme victime dans la tuerie survenue au siège de Charlie Hebdo, Elsa Cayat, psychiatre et psychanalyste, employait sa plume pour aborder des questions sociétales et défendre une approche humaniste de la psychiatrie.

Psychiatre, psychanalyste et médecin, Elsa Cayat s'intéresse aux questions affectives, sexuelles et relationnelles entre hommes et femmes. Deux fois par mois, elle tient la chronique "Divan" dans Charlie Hebdo. Elle y aborde des sujets tels que "violence mode d'emploi", "genèse de la Shoah", et d'autres. Elle publie en 1998 Un homme + une femme = quoi ? aux éditions Jacques Grancher. En 2007 elle continue avec Le désir et la putain en collaboration avec Antonio Fischetti de Charlie Hebdo (Albin Michel). Dedans, les questions sont sans détour : pourquoi le sexe est-il si important pour les humains ? Quels sont les enjeux symboliques de la pénétration ? Les mots sont-ils des objets sexuels ? L'argent est-il aphrodisiaque ? Quels sont les ressorts inconscients de l'amour ? La mère est-elle une prostituée qui s'ignore ?


Elle possédait son propre cabinet avenue Mozart dans le XVIème arrondissement. Ses patients parlent d'elle avec nostalgie. Comme sa cousine la productrice de cinéma Sophie Bramly dans Le Parisien. «Je sais que les assassins ont demandé à leurs victimes de se lever et de décliner leur identité. Comme elle était juive, je ne peux m’empêcher de penser qu’elle a été tuée pour cette raison, et j’en éprouve des relents d’horreur. » 



Retrouvez ici la réponse de la psychologue sur le site psychologies.com, au sujet de la difficulté d'aimer. En voici un extrait : 

"Pourquoi faudrait-il aimer la même personne toute une vie ? Et pourquoi quelque part vit-on la séparation comme inéluctable ? Finalement, ces deux questions présupposent à la fois la peur et le désir de séparation. Toute la difficulté quand on est avec quelqu'un, est de ne pas être dans la fusion. En réalité, la fusion n'existe pas. Ce qui vient masquer cette impossibilité de fusion, c'est qu'on va croire à ce que l'autre dit, on n'aura pas d'écart par rapport à l'autre. Et c'est ce manque d'écart, ce manque de séparation entre soi et l'autre qui va conduire à anticiper la séparation comme la fin inéluctable de la relation. Toute la difficulté est d'exister par rapport à l'autre. De ne pas se plier à son désir, de peur de la perte d'amour. L'anticipation de cette perte conduisant à sa précipitation."


Elle publie également un chapitre au sein de l'ouvrage La maîtrise de la vie. Les procréations médicalement assistées interrogent l'éthique et le droit. Son chapitre traite du droit et la loi à ce sujet, ainsi que le désir d'enfants des familles homoparentales. Elle condamne les restrictions liées à la PMA aujourd'hui en France. 


Dans le journal La Croix, l'écrivain Alice Ferney et le chef d'entreprise Eric Reignier, lui rendent hommage. 


"Elle avait beaucoup écouté et beaucoup lu. « Y a deux types qui ont dit des trucs, Freud et Lacan. Les autres ont répété. » Elle était radicale et ouverte, elle se marrait aussi.
Elle croyait que la psychanalyse libère comme rien d’autre, elle n’avait nul besoin de le promettre : elle témoignait pour l’essor de soi vers soi. Elle incarnait la liberté d’être, l’intensité et la joie qui en résultent, quelque chose d’absolument bon, puissant et bienveillant. Sans souci d’une orthodoxie, sans dieu ni maître comme dit François Roustang, seul capitaine dans la traversée où l’on finissait par être engagé autant pour le plaisir d’elle-même que pour travailler sur son divan" affirme Alice Ferney.

"J’imagine qu‘elle a refusé de se coucher, qu’elle a regardé l’homme qui la menaçait de son arme et qu’elle lui a crié  : « Mais quel connard ce mec… »" conclut Eric Reignier.  

Hommage aux douze victimes tuées le 7 janvier 2015 :


Stéphane Charbonnier, dit Charb, dessinateur
Jean Cabut, dit Cabu, dessinateur
Georges Wolinski, dessinateur
Bernard Verlhac, dit Tignous, dessinateur
Philippe Honoré, dit Honoré, dessinateur
Bernard Maris, économiste et chroniqueur
Michel Renaud, ancien directeur de cabinet du maire de Clermont
Elsa Cayat, psychalanyste et chroniqueuse
Mustapha Ourrad, correcteur 
Frédéric Boisseau, agent d'entretien
Franck Brinsolaro, brigadier au service de la protection
Ahmed Merabet, agent de police