Obésité

Justice : l'obésité sévère peut être considérée comme un handicap

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Ce jeudi 18 décembre, la cour de justice européenne a établi que l’obésité sévère pouvait être considérée comme un handicap au travail, en particulier dans des cas de discrimination. Cette décision fait suite à la saisine de la cour dans une affaire de licenciement au Danemark.

La cour avait été saisie par la justice danoise sur le cas d’un assistant maternel qui estimait avoir été victime d’une discrimination illégale. Pour lui, son licenciement est du à son obésité (son poids est supérieur à 160 kg). S’il est vrai que le droit européen n’interdit pas explicitement la discrimination fondée sur l’obésité, les juges rappellent que la discrimination fondée sur le handicap est, quant à elle, formellement interdite. Or dans certains cas, l’obésité peut « relever de la notion du handicap », expliquent-ils. C’est notamment le cas lorsque « l'état d'obésité du travailleur entraîne une limitation » qui peut l’empêcher de participer à la vie professionnelle au même titre que les autres, et lorsque « cette limitation est de longue durée », précise la cour.

 

« Beaucoup de bruit pour rien »

 

Cette décision a provoqué une vague de réaction au sein de l’Union Européenne. La municipalité danoise, qui était l’employeur de Carsten Kaltoft, refuse de reconnaître l’obésité de celui-ci comme un handicap : « car elle est de son fait », estime-t-elle. Elle affirme par ailleurs que l’employeur est dans son droit lorsqu’il   licencie une personne « incompétente ou indisponible pour son poste ». Le Forum britannique anti-obésité abonde dans le même sens. Son directeur souhaite que cette décision soit contestée par les États car elle ne fait que compliquer la tâche des employeurs et Elle ne va pas faciliter le recrutement des personnes. Pour sa part, Anne-Sophie Joly, présidente du CNAO (Collectif national des Associations d’Obèses) pense au contraire que cette décision va dans le bon sens. Réagissant aux micros de Vivre FM, elle conteste énergiquement l’idée selon laquelle l’obésité serait du fait de l’obèse : « un enfant né d’un parent en surpoids à 40% de chance d’être obèse à son tour », explique-t-elle, en rappelant que « près de la moitié de la population française est en surpoids ». Selon elle, reconnaître l’obésité comme un handicap peut être une réelle protection juridique contre les discriminations dont sont victimes les personnes. Mais beaucoup reste encore à faire, car la décision n’est pas contraignante. « Ca fait beaucoup de bruit pour rien », estime la présidente du CNAO. « Tant qu’on n’aura pas épinglé quelques patrons là-dessus, on continuera à aller tout droit dans le mur ».