Route du Rhum

Damien Seguin, le direct de la Route du Rhum 2014 : Il est arrivé !

Damien Seguin, 8ème des class40 de la route du rhum retrouve ses proches à Pointe-à-Pitre. (c)Alexis Courcoux
Damien Seguin, 8ème des class40 de la route du rhum retrouve ses proches à Pointe-à-Pitre. (c)Alexis Courcoux
A 35 ans, Damien Seguin est né sans main gauche. Double médaillé paralympique et triple champion du monde, ce sportif de haut niveau termine 8ème de sa deuxième Route du Rhum à bord de son monocoque Class 40 "ERDF, des pieds et des mains". Seul concurrent handicapé de la transatlantique, il fait une fin de course fantastique.

Vendredi 21 novembre : 18 jours 9 heures 19 minutes et 21 secondes ! Il est 23h30 jeudi soir (heure française) lorsque Damien Seguin passe la ligne d'arrivée en Guadeloupe. Il réalise un superbe parcours tout au long de ces 3 542 milles entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre. Une course avec de nombreux rebondissements et un final à la hauteur des attentes.

Le skipper guerandais a surpris tout le monde pendant son tour de la Guadeloupe. Un littoral qu'il connaît bien pour y avoir vécu son enfance. Damien a profité de l'escale technique de Fabrice Amedeo pour le doubler dans le canal des Saintes et s'est emparé de la huitième place avec seulement 17 minutes et 11 secondes d'avance sur son concurrent ! Il aura fait preuve d’une témérité sans faille tout au long de cette transatlantique, obligé de se battre à la fois contre les avaries techniques du bord et des soucis physiques (une entorse à la cheville notamment).


" Si on m'avait dit cela il y a quatre jours, je n'y aurais pas cru ! Je suis super content. J’ai explosé l’Italien cette nuit et là j’ai battu Fabrice aujourd’hui. J'y suis allé à fond, même plus qu'à fond parce que je crois que j'ai dépassé mes limites : c'est un peu le cadeau dans le canal des Saintes… Je connaissais le terrain même sous la côte sous le vent : j'avais bien préparé ma trajectoire pour avoir un passage sans soucis afin de revenir sur Fabrice (Amedeo) et le passer dans le canal.

C’est une superbe fin de course. Cette nuit a été très dure. J’ai tout donné car l’Italien, mine de rien, ce n’est pas un tendre. Il est costaud et à l’habitude de la régate. J’ai aperçu son feu une grande partie de la nuit. J’ai donc mis l’accélérateur puis plus rien, plus personne en vue. J’ai dormi deux heures sur les trois derniers jours ! Cette fin de course me réconforte par rapport au reste de mon parcours sur cette Route du Rhum qui a été ponctuée de soucis. J’ai rarement eu l’occasion d’être dans les bons coups stratégiquement car j’ai accumulé les ennuis à bord. J'ai eu de gros soucis d'énergie donc de pilote : je ne pouvais pas trop l'utiliser, mais j'ai été sauvé par mes panneaux solaires car il y a eu quelques journées ensoleillées… J'ai pu me reposer un peu la nuit, mais c'était difficile : je n'avais pas beaucoup de fichiers météo, je ne pouvais pas me reposer aussi bien que mes concurrents.  A un moment donné il y en avait un par jour mais j’ai essayé de ne pas me lamenter sur mon sort et j’ai décidé de m’accrocher. Je termine sur une bonne note, c’est le principal."


Jeudi 20 novembre : L'arrivée se rapproche à grands pas. Damien n'est plus qu'à 57 milles de Pointe-à-Pitre. Après s'être livré une très belle bataille Damien a définitivement laissé Giancarlo Perdote derrière lui. Hier, les deux marins ont navigué à vue,  s’échangeant à tour de rôle la 9ème place , mais au final Damien Seguin remporte le duel.

Le skipper guérandais vient de dépasser Fabrice Amédéo. Alors qu'il était 8ème, Fabrice a décidé de faire escale à Basse-Terre vers 13h30 pour un souci de spinaker. Malheureusement pour lui le règlement de la course impose un arrêt d'au minimum quatre heures. Damien Seguin bénéficie donc de cet incident pour reprendre un place au classement, il se retrouve 8ème ! Encore quelques heures, et moins de 20 milles avant de toucher au but : Pointe-à-Pitre.

Damien devrait franchir la ligne d'arrivée cette nuit aux alentours de minuit une heure du matin, heure française : " Maintenant c’est tout droit. Il faut juste penser à se reposer un peu pour pouvoir être en super forme et tout donner sur les derniers milles. Le bateau va bien."


Mercredi 19 novembre : Il avait prévenu, l'objectif était de remonter dans le top 10 et de dépasser Giancarlo Perdote. C'est chose faite ! Damien gagne à nouveau une place dans le classement, il est aujourd'hui 9ème. Grâce à un alysée qui continue de se renforcer, Damien profite d'un vent constant et fort. A midi et demi, il navigue à 14,5 noeuds au coude à coude avec son concurrent direct l'italien Giancarlo Perdote.

Damien au téléphone avec ses équipe à terre :

"J’ai tout donné hier pour revenir sur Fantastica (ndlr le bateau de Giancarlo Perdote). Je n’ai pas arrêté à bord. Je suis content de ma position et de n’avoir rien lâché car j’ai réussi à le rattraper. Je le vois. Il est 500 mètres plus bas que moi. Il navigue sous grand spi et moi sous petit spi mais globalement je pense avoir un meilleur cap que lui". 


Mardi 18 novembre : Damien conforte sa place dans le top 10. Il est à nouveau dans une bonne phase de la course, il navigue à 12,9 noeuds et se rapproche de l'italien Giancarlo Perdote (moins de 20 milles : d'écart). Damien bénéficie d'un alyzée consistant qui lui permet de reprendre de la vitesse et de ratrapper le 9ème de la flotte. Avec un vent qui se situe dans la trajectoire de la route directe, il doit faire des empannages pour avoir un angle au vent qui permette de profiter de la bonne brise.

Damien au téléphone ce matin :
" La nuit a été difficile, les conditions de vent étaient assez fortes avec des rafales à 30 – 35 nœuds. Il y avait pas mal de passages nuageux et des grains. Le bateau est parti plusieurs fois en surf. Je n’ai pas beaucoup dormi, j’ai passé mon temps aux réglages. Là c’est encore assez fort. La mer est démontée dans tous les sens, ça mouille beaucoup et ça secoue. Le matériel prend cher, ça travaille dans tous les sens. Il va falloir que je réduise un peu de la toile pour me reposer. Au niveau du classement, il y a une vraie bataille qui se joue entre l’Italien, Valentin et moi. L’enjeu c’est la 9ème place. C’est une bonne chose qu’on soit tous les trois à se battre car ça permet de ne rien lâcher. C’est serré entre nous. Le prochain empannage va être un vrai moment stratégique. Il ne va pas falloir se louper."


Lundi 17 novembre : 10ème ! Damien Seguin est passé en mode attaque. Après deux semaines de course effrénée, marquée autant par les conditions difficiles du début que par les caprices des l'alizés encourageant une bataille d'empannages exigeantes. Cette nuit Damien a dépassé Valentin Lemarchand. Ils se sont croisés à quelques milles. Il ne lâche rien, toujours concentré dans sa course malgré tous les pépins techniques et la fatigue qui s'accumule, le skipper se bat et va tous donner pour rester dans le top 10 et tenter de rattraper l'italien Giancarlo Perdote, 9ème au classement à 20 milles de Damien. Arrivée prévu Vendredi 21 novembre, si tout va bien.

Damien était en direct ce matin sur notre antenne :

Dimanche 16 novembre : Ca y est ! Damien Seguin rentre à nouveau dans le top 10 ! Il a réussi à reprendre la 10ème place à Valentin Lemarchand dans la nuit. Ils sont pour l'instant au coude à coude avec un dixième de milles d'écart, la bataille fait rage. Damien navigue un peu plus vite que son concurrent à 10,5 noeuds.

Samedi 15 novembre : A midi Damien est toujours 11ème au classement mais il reprend de la vitesse, il navigue en ce moment à 13,3 noeuds et se trouve à 394,7 milles du premier de la course Alex Pella. Damien ne devrait pas tarder à apercevoir son concurrent Valentin Lemarchand à quelques milles devant lui. Espérons que le vent soit du côté de notre skipper Guérandais.

"C'est très spécial en ce moment car j'ai d'énormes problèmes d'énergie à bord donc je barre entre 12h et 15h par jour donc le repos c'est un peu quand je peux quand les conditions sont bonnes. En ce moment je puise dans mon  capital réserve. J'ai la forme quand même, j'ai la chance d'être sur l'eau et encore en course. Je me bats pour rentrer dans les 10. Ce n'est pas facile avec toutes le galères que j'ai eues mais j'irai jusqu'au bout et chaque mille que je fais c'est un mille en moins à faire avant l'arrivée. Aujourd'hui cela se précise de plus en plus donc c'est pas trop mal. Là je n'ai pas énormément de vent  et on n'arrête pas de tirer des bords et empanner plusieurs fois par jour pour essayer de trouver le meilleur angle. On essaye de faire au mieux avec ce que l'on a." 


 Vendredi 14 novembre : Les premiers class 40 se sont un peu éparpillés dans un alizé irrégulier avec des périodes de mous alternant avec des périodes de vent plus soutenu. Damien Seguin est 11 ème au classement ce matin, il s'est fait doublé cette nuit par Giancarlo Pedote et Valentin Lemarchand mais il ne chôme pas pour rester dans la course. Entre l’étude des fichiers météos, la stratégie et le bricolage de son pilote automatique, Damien n’a pas une minute à lui. S’il tente de faire avancer au mieux sa machine, il concède cependant que sa " priorité pour le moment est de sauvegarder le pilote automatique pour pouvoir atteindre l’arrivée ". Aidé de son équipe à terre, Damien cherche une solution pour conserver ce précieux instrument de navigation suite à la panne de la ligne numéro 1. 

Ce matin, le skipper reprenait de la vitesse après une nuit un peu calme. "Il y a 14 nœuds en ce moment du coup j’accélère. J’ai perdu quelques milles sur mes deux compagnons de route mais je compte bien les reprendre par la suite" 

Tiphaine Seguin, l'épouse de Damien était au micro de vivrefm ce matin : "il peux y avoir beaucoup de surprises, il n'y a aucun sénario d'établi, les alysées sont des vents très instables et le tour de la Guadeloupe va être un moment décisif". Tiphaine est confiante et surtout à l'écoute des besoins de son époux : " Je ne suis pas inquiète, je suis attentive à tout ce qui se passe en mer. Il faut bien garder les pieds sur terre, le soutenir et lui apporter des solutions. Généralement, c'est une fois la course terminée et qu'il me raconte tout, c'est là que je réalise...je me dis à oui quand même ! Mais sur le moment je n'ai pas de craintes"

Jeudi 13 novembre : Damien est toujours 9ème. En tête du troisième groupe, il progresse actuellement vers l’Ouest à une moyenne de 10,4 nœuds dans un alizé pas toujours très bien établi. L'écart se creuse encore un peu avec le premier de la course Alex Pella, à 329,2 milles. Le marin Guérandais sait que ce n’est pas le moment de traîner car derrière, à 20 milles, Valentin Lemarchand ne lui laissent pas d’autre choix que d’appuyer sur l’accélérateur.

Mercredi 12 novembre : Damien continue de plonger vers le Sud pour éviter le plus possible l'anticyclone qui continue de grossir, entrainnant des vents faibles. 9ème au classement, Damien reste stable, il est à 288,2 milles du leader de la course Alex Pella. Il ne semble pas trop affecté par sa perte de 4 places depuis vendredi : " Je pense qu’il va y avoir des changements au classement. Mais ce seront des classements provisoires car sans doute qu’on n’y verra plus clair qu’à l’approche de la Guadeloupe."

Cette nuit, le skipper a du composer avec des nuages omniprésents, un véritable casse-tête comme il nous l’explique. " J’ai passé ma nuit dans un cirque… de nuages. C’est courant dans les alizés. Il y en avait partout au dessus de moi. Le problème c’est que tous ces nuages créaient de la pagaille. Un coup, il pleuvait, un coup il ne pleuvait pas. A d’autres moments j’avais des rafales et puis plus rien sans compter l’orientation du vent qui ne cessait de changer. Bref, pas facile de s’y retrouver dans ces conditions."

Mardi 11 novembre: Journée bricolage. Damien qui a dû faire le deuil de son hydrogénérateur, l’une de ses principales sources d’énergie. Malgré quelques soucis techniques à bord et une légère blessure à la figure – qui l’empêche juste d’arborer son plus beau sourire – Damien ne lâche rien. Aidé de son équipe, Damien a tenté de trouver des solutions à ce problème : " Mon hydrogénérateur étant HS, je suis forcé d’économiser l’énergie. Heureusement mes panneaux solaires en produisent un peu. Mes conditions de navigation sont assez rudimentaires mais je ne lâche pas le morceau pour autant. Nous rencontrons tous différents soucis, cela fait partie du jeu."

Damien est toujours 9ème au classement. Positionné à l'ouest des Canaries, les conditions sont différentes dans un flux de nord faible. Il doit gérer la faible évolution d'une perturbation peu active. Cette situation oblige à de nombreux empannages pour tenter de garder de la vitesse. Damien évolue pour l'instant à 11 noeuds.

" J’ai empanné à midi. Tout s’est très bien passé. Il faudra cependant replonger au Sud. Depuis ce matin, ça part dans tous les sens. Dans la flotte, il y a ceux qui vont se décaler vers, ce que j’appellerais, une route Nord et ceux, à mon avis le groupe de tête qui vont continuer à plonger au sud. L’enjeu pour moi est de choisir ma route, de trouver la bonne trajectoire et le bon angle pour faire avancer vite le bateau. Actuellement, la mer est d’un gris métallique. Il y a des cumulus un peu partout. Je longe un grain sous lequel il pleut et qui me permet de bénéficier d’un flux de vent supplémentaire. La casquette et la crème solaire sont de rigueur. Par contre, j’ai encore le bas du ciré car ça mouille toujours pas mal. Mon pilote automatique en fait un peu des siennes. Pour l’instant, je m’en sors bien mais j’espère ne pas avoir à faire de choix pour compenser la perte de certains de mes éléments."


Lundi 10 novembre :  Mauvaise surprise de la matinée, Damien Seguin a perdu encore une place au classement, il se classe 9ème. Une situation qui s'explique par le fait qu'il n'a toujours pas récupéré ses instruments météo. L'alizé assez soutenu et irrégulier l'oblige à rester près de la route directe tout en multipliant les empannages. La masse d'air est instable mais avec des grains en atténuation.

Contacté ce matin par téléphone, Damien Seguin reste optimiste : "J'ai toujours un straping sur ma cheville et ça se soigne bien : je suis en forme. Je ne me régale pas quand même parce que les leaders sont partis par devant avec plus de brise. Mais je suis toujours bien placé : je suis content d'être là et le bateau va bien. Le soleil vient de se lever : j'ai empanné en milieu de nuit, mais comme j'ai des soucis de connexion pour avoir la météo, je fais une stratégie plus sensitive ! Je regarde le baromètre mais nous sommes en régime anticyclonique et ça ne bouge pas beaucoup, c'est plutôt les bascules qui régissent la trajectoire. Je profite de la journée pour barrer et ça me permet de recharger les batteries par les panneaux solaires pour passer la nuit plutôt sous pilote. Je suis super content pour Loïck (Peyron) : chapeau ! (ndlr : qui a remporté la course en classe ultime)."


Dimanche 9 novembre : Aux quatre coins de la flotte, les skippers ont mis cap au Sud. La faute aux calmes anticycloniques qui barrent la route de la Guadeloupe, et obligent les solitaires à franchement plonger pour éviter de se faire piéger. Cette navigation au portant n'est pas simple et rappellent à certains l'atmosphère du pot au noir : grains orageux, trous de vent, fortes rafales.

Dans ce jeu du chat et de la souris avec le vent, Damien, pourtant bien lancé au Nord de la flotte perd 3 places et plus de 30 milles sur le leader, Kito de Pavant. A bord, le skipper cravache dur pour tenter de rattraper le peloton de tête et se démène pour faire face aux aléas techniques.

A 11h, Damien Seguin pointe à la 8ème place en ce septième jour de course. Il navigue à noeuds de vent mais il garde le moral et surtout la santé : "Ma cheville tient le coup. Avec le strapping, et le tout dans une botte ça immobilise bien. Par contre une Crocks à gauche et une botte à droite, je repasserai pour le coté beauté ! La nuit et bien noire et la route bien sud pour contourner cet anticyclone. Ma position n'est pas idéale mais il faut que je tienne en vitesse, car je sais qu'au nord j' ai moins de vent que mes camarades. J'ai peu de loisirs sur le bateau, je ne trouve pas encore le temps de lire un peu ou d'écouter de la musique. Avec la perte de mon moyen principal de communication, je passe trop de temps a essayer de récupérer les positions ou la météo. Sinon soit je barre, soit je mange, soit je dors... Pas compliqué la vie de marin !" Après une semaine de mer éprouvante, place à grande régate océanique qui promet de durer jusqu'à Pointe-à-Pitre


Samedi 8 novembre :  Toujours 6 ème au classement ce matin, le skipper espère s’échapper rapidement de la pérturation d'hier et croise les doigts pour que la clef de la sortie soit au Nord-Ouest. Damien navigue en ce moment à 11 noeuds. Au passage de l'anticyclone, il risque de rencontrer une mer agitée et de nouveaux vents violents. " Dans ces moments-là, ce n’est pas possible de dormir car il faut être au taquet sur les moindres évolutions et bien placer le bateau" explique-t-il. 


Vendredi 7 novembre : Un twitt envoyé à 1h30  ce matin indique que Damien s'est blessé à la cheville en glissant sur le bateau après une manoeuvre de changement de voile. Le médecin de la course a diagnostiqué une entorse et préconisé du repos ! La blessure ne semble pas le géner. "Il a déjà eu ce genre de problèmes" explique son compère Yoann Richomme ce midi : "il va continuer jusqu'au bout."

Malgré la douleur, Damien garde la pêche et ironise sur la situation : "Je dois laisser ma cheville au repos, me dit Jean-Yves Chauve (ndlr le médecin de la course). Du coup, en bon patient je l’ai démontée et je l’ai mise dans la caisse ! (rires) Non en vrai, ça tombe bien je pars en vacances en Guadeloupe !  Voilà. Ma cheville est bandée, bien calée dans ma botte. La douleur est supportable"

Côté météo c'est plutôt le calme plat. Bloqué sous un nuage en fin de matinée, sans vent Damien est quasiment à l'arret : "J’ai l’impression qu’ils ont mis le Pot au Noir entre Madère et les Açores cette année" plaisantait Damien ce matin au téléphone. Il maintient le cap mais perd une place au classement. 


Jeudi 6 novembre : Toujours 5 ème au classement, Damien poursuit sa descente vers le Sud direction Madère avant de tourner à droite, vers Pointe-à-Pitre. Damien a choisi de conserver une route plus Ouest que ses autres concurrents, davantage décalés au Sud-Est. Cette division ne devrait cependant pas s’éterniser selon ses: " Je suis plutôt satisfait de ma position. Il y a 24 heures, j’ai fait le choix de garder une route plus Ouest que certains de mes collègues. Ceux à l’Est vont se recaler juste devant nous mais globalement on devrait tous se regrouper d’ici une trentaine d’heures environ et commencer notre sprint ensemble. "
A bord, c’est un peu la machine à laver : " C’est toujours assez musclé. Je suis au près avec 20 nœuds de vent. Le bateau est penché, je vis à quatre pattes. Dehors on se fait rincer. Ce n’est pas très agréable. Heureusement il y a du soleil" explique le principal intéressé.


Mercredi 5 novembre : Belle surprise ce matin, Damien Seguin a choisi la bonne option tactique dans la nuit et signe une superbe remontée dans le classement. Les efforts de la veille ont payé : le skipper pointe à la 5ème place à 10h avec une vitesse de 12 noeuds. Comme ses compagnons de route, Damien connait quelques avaries sur son bateau notamment la perte de ses instruments aériens qui lui donnent les données météorologiques mais le moral est bon et l'envie d'aller au bout est intacte.

Il était au téléphone avec son équipe en début d'après midi : "Bonne nouvelle, je navigue bien et je compte bien persister dans ma stratégie établie. D’ici peu les conditions vont être de nouveau difficiles. Tout peut se jouer dans les prochaines 48 heures. Côté humain, je suis vraiment en forme, le travail de préparation physique paye aujourd’hui. Je dors très bien, trop dès fois ! car je n’entends pas mon alarme qui pourtant réveillerait un stade ! Je mange comme il faut avec même un petit plaisir cette nuit : j’ai dévoré le fromage que Audrey (http://roulettes-et-sac-a-dos.com/) m’a apporté avant départ. merci Audrey !"


Mardi 4 novembre : Depuis quelques heures, Damien a enclenché le turbo. Pour preuve, le skipper signe au dernier pointage, la deuxième meilleure vitesse juste derrière Yannick Bestaven. Après avoir pointé à la dixième place toute la journée, Damien gagne deux places et se classe 8ème à 23h. Il progresse dans le golfe de Gascogne à une vitesse de 15 noeuds et se dirige vers le Cap Finistère au large de l'Espagne. Il devrait le passer dans la nuit.  A bord, les conditions de vie sont difficiles, pas de répit pour le skipper tant la mer est agitée et le vent fort. Cette cavalcade vers le Sud devrait néanmoins être ralentie d’ici la nuit prochaine puisqu’une petite acalmie semble se dessiner sur les fichiers météos.

" C’est encore assez tonique. En ce moment il y a 4-5 mètres de vagues, ça secoue bien et ça tape. Aujourd’hui j’ai pris le temps de me faire un vrai plat. Le vent devrait mollir d’ici 5-6 heures mais nous ne sommes pas sortis de l’auberge pour autant car nous ne sommes pas prêts d’être sous spi. Enfin pas avant vendredi. Pour l’instant, je n’ai aucun bateau en vue mais je devrais bientôt trouver Campagne de France. Ça me plairait bien d’être avec elle cette nuit." confiait Damien au téléphone en fin d’après-midi.


Lundi 3 novembre : Après une nuit agitée avec des creux de 4 mètres, 30 nœuds de vent et des rafales à 45 – 50 nœuds, Damien s'octroie sa première sieste de 20min. Il n'a pas fermé l'oeil de la nuit depuis plus de 24h. Une heure après le départ, les conditions météos se sont corsées et les premières avaries et abandons se sont multipliés. Damien progresse actuellement au large de la pointe Sud bretonne à une vitesse moyenne de 9 nœuds. Le skipper réalise une belle entame de course puisqu’il est actuellement classé 10ème d’une flotte emmenée par l’indétrônable Sébastien Rogues à bord de GDF SUEZ. 

Au téléphone, il confie à son équipe : "Tout va bien, la nuit a été costaude, fidèle aux prévisions : ventée et humide. Ce n’était pas très marrant. J’ai réussi à manger mais pas à dormir. Ca fait plaisir de faire un bon début de course."



Dimanche 2 novembre : Départ de Saint Malo. Les remparts de la cité malouine sont noir de monde, des milliers de spectateurs se sont pressés pour venir encourager les 91 skippers de cette 10ème édition de la Route du Rhum. Parmi eux, Damien Seguin, 35ans, seul navigateur handicapé à prendre le départ de la course à bord de son monocoque class 40 "ERDF Des pieds et des mains" sous la grisaille, la pluie et un vent de 15 nœuds de secteur Sud Sud Ouest. Un moment émouvant et de très belles images.

" Je viens de dire au revoir à ma famille et mes amis. C’est un moment toujours très émouvant. Le départ s’annonce assez calme en termes de météo mais il va cependant falloir être vigilant car il y 90 autres bateaux sur la ligne plus tous les bateaux accompagnateurs. La concentration devra être au maximum. C’est un peu stressant mais globalement je me sens bien. Je suis heureux de prendre la mer."