Russie

Russie : les enfants handicapés maltraités selon Human Rights Watch

Human Rights Watch dénonce les violences dont sont victimes les enfants handicapés dans les orphelinats russes
Human Rights Watch dénonce les violences dont sont victimes les enfants handicapés dans les orphelinats russes

Violences, négligence et isolement des enfants handicapés dans les orphelinats russes, l'organisation internationale dresse un tableau dramatique de la situation dans les orphelinats un peu partout en Russie. L'association dénonce le non-respect de la Convention de l'ONU sur les droits des personnes handicapées dont Moscou est pourtant signataire.

« En Russie, tout enfant handicapé a de grandes chances de finir dans un orphelinat d’Etat ». Environ 30 % des enfants en situation de handicap vivent loin de leur famille et de leur environnement dans des institutions fermées. Les témoignages portent essentiellement sur des mineurs en situation de mobilité réduite,  de cécité, de surdité, de trisomie 21 et de troubles psychologiques. Ces jeunes sont confrontés à des sévices ou sont abandonnés à eux-mêmes, autant d’abus qui entravent leur développement physique, cognitif, émotionnel et intellectuel. Human Rights Watch a interrogé plus de 200 témoins : de jeunes handicapés actuellement ou anciennement internés en orphelinat, des employés de ces institutions et des parents. Dix orphelinats de plusieurs régions ont été visités.

La Russie privilégie l’internement des jeunes handicapés

On estime que 45% des jeunes placés en orphelinat présent un handicap, alors que chez les jeunes de Russie la proportion de handicapés ne représente que 2 à 5%. Les auteurs disent tenir ces chiffres des ONG sans préciser laquelle. Les autorités privilégient l’internement au détriment de l’intégration au sein du système éducatif, de l’adoption et du placement en famille d’accueil. En conséquence cette population ne devient pas autonome. A leur majorité, la plupart de ces jeunes sont internés dans des institutions pour adultes. Le gouvernement a lancé un plan d’action pour l’enfance pour la période 2012-2017 pour réhabiliter le placement en famille et l’intégration. Une fondation a également vu le jour, mais dans les faits rien n’a évolué. En mai 2014 le gouvernement a adopté une résolution pour la protection de l’enfance censée mieux encadrer les orphelinats. Là encore les auteurs sont sceptiques.

Dans une vidéo mise en ligne sur youtube, les témoins racontent les maltraitances dont ils ont été victimes. "quand ils étaient ivres, ils me frappaient et me traînaient par les cheveux" raconte Nastia, ancienne pensionnaire d'un orphelinat.

Mauvais traitements

Les mauvais traitements : Les témoins de Human Rights Watch se sont plaints de violences physiques. Le personnel a également exercé une emprise sur les pensionnaires en les privant de tout contact avec leurs proches, en leur administrant de puissants sédatifs. En guise de punition certains mineurs ont été envoyés en hôpital psychiatrique. Les enfants handicapés moteur et ceux qui ne peuvent communiquer avec les autres sont isolés dans des salles de confinement. Pour rappel une mission d’information de l’Unicef a déjà mis en garde la Russie en 1999.

Andrei M. 36 ans a été a été placé à Pskov au nord-ouest de la Russie jusqu’en 2008, il se plaint d’avoir reçu des injections à répétition juste avant d’être envoyé au dortoir. Les jeunes sont également privés d’une alimentation correcte, de soins, d’instruction et de jeux. Olga V. pédiatre dans un orphelinat à Sverdlovsk dans l’Oural, déclare qu’aucun des enfants placés dans son établissement ne suit de cours. Parmi les pensionnaires, 150 jeunes sont à l’isolement.

A court terme les auteurs appellent les autorités à une « politique de tolérance zéro », pour mettre fin aux mauvais traitements et au confinement des jeunes handicapés. A long terme le rapport demande à Moscou à privilégier l’intégration en choisissant le maintien des enfants handicapés dans leur famille d’origine ou l’adoption et le placement.