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"Avancer en âge" remplace "vieillir" : la nouvelle proposition de Michèle Delaunay

La ministre déléguée aux Personnes âgées et à l’Autonomie souhaiterait bannir le mot "vieillissement" de nos textes officiels. Sa proposition sur son blog : remplacer ce terme par «avancer en âge». Une formulation qui soulève la toile.

Michèle Delaunay raconte sur son blog qu’elle a proposé à des collègues francophones de substituer au terme "vieillir", trop négatif selon elle, l’expression "avancer en âge". « Dans les documents français, la substitution du premier par le second sera systématique » suppose la minsitre. Bonne ou mauvaise, cette idée soulève internet. Plusieurs arguments sont mis en avant par les internautes.

Une proposition détournée

Le détournement en premier lieu, auquel ont été sensible les usagers du réseaux social Twitter qui n’ont pas manqué de suggérer d’autres substitutions, bien sûr beaucoup plus fantaisistes les uns que les autres : @DDesgeouilles : On ne dit plus  « J’ai pris du poids », mais  « je suis plus sensible au phénomène de l’attraction gravitationnelle universelle ».


La ministre ne s’arrête pas là et propose aussi de remplacer "tomber amoureux" par "monter en amour" - sans que l’on sache de quel façon il faut interpréter cette métaphore. Faut-il y voir là une description de la montée du désir chez ceux qui subissent un coup de foudre ?


Et "ministre des personnes avancées en âge"… qu’en pensez-vous ? N’est-ce pas plus dégradants et lourd que "personnes âgées" ? Si l’on admet, surtout quand on avance en âge, que le "poids des ans" ne se porte pas facilement, il n’est pas très agréable de se faire traiter de personne avancée en âge, ce qui fait inévitablement penser à l’état d’un fruit trop mûr ou, pire, à un reblochon bien coulant…

Quand le pouvoir contrôle le langage                        

Au-delà de tous les inconvénients, on peut s’accorder avec la ministre sur le fait que "les mots disent plus qu’il n’y paraît". L’idée que le pouvoir, quel qu’il soit, s’accapare le droit de régenter les usages de la langue déplait fortement. Pas besoin d’étude comparée de plusieurs « Think Tank », un auteur suffit. Relisez "1984" de Georges Orwell pour voir où cela peut mener : une séparation entre la langue interdite, l’ancilangue, et la langue nouvelle – et autorisée - proposée par Big Brother, la novlangue.


Néanmoins, de même qu’on peut se méfier des lois qui dictent une vérité officielle à l’histoire, il faut se méfier de toute décision qui prétend régenter la langue. Car si la langue est un système social contraignant, la parole reste cette espace de liberté qui appartient à chacun.